Quatre ovations, les spectateurs qui entonnent en choeur «Cher Gilles Vigneault, c'est votre tour»: le retour à l'Olympia du dernier monstre sacré de la chanson québécoise, à la veille de ses 81 ans, a été chaleureusement célébré lundi soir à Paris.

Gilles Vigneault était monté sur les planches du mythique music-hall du boulevard des Capucines pour la première fois en 1969, il y a 40 ans. Il était revenu pour la dernière fois il y a une dizaine d'années.

Son spectacle de lundi soir constituait donc un véritable événement, Vigneault ayant marqué de son empreinte l'époque de la grande chanson française. Les retrouvailles entre les Parisiens et le « troubadour québécois «, selon la formule du Figaro, ont été émouvantes: dès que Vigneault est entré sur scène, le public s'est levé d'un bond pour l'applaudir pendant de longues minutes.

Dans la salle, on reconnaissait quelques grands noms de la chanson française, des amis, comme la merveilleuse Anne Sylvestre ou Julos Beaucarne, l'alter ego belge du poète de Natasquan, ou encore Jean-Michel Boris, qui fut directeur de l'Olympia pendant près de 50 ans. Le conteur Fred Pellerin, qui triomphe au Théâtre du Rond Point, était là aussi, savourant en expert la poésie de son aîné.

Tout le monde sait que le premier soir de la semaine n'est pas le meilleur pour les spectacles à Paris, pourtant l'Olympia (2000 places) était presque plein. Et il y avait dans la salle, il y avait plus de Français que de Québécois. Sur environ 1500 spectateurs, moins de 300 étaient des invités, les autres avaient payé leurs places, confirme le producteur Paul Dupont-Hébert, ce qui relève de la performance.

Gilles Vigneault avait bien eu droit à des articles dans Le Figaro ou dans L'Express, mais il faut croire qu'il avait vraiment manqué à son public, qui ne demandait pas mieux que de le revoir sur une grande scène, le mythe s'ajoutant au mythe. Lundi soir à l'OLympia, il s'est vraiment passé quelque chose. Rien n'était pourtant prémédité, a assuré Vigneault, dans une des entrevues qu'il a accordées aux médias français.

«J'aurais préféré passer cette fête très discrètement à la maison! Mais le hasard en a décidé autrement et me voilà de nouveau à l'Olympia, ravi comme je l'étais la première fois que j'y ai joué», a-t-il confié à RFI.

À l'Olympia, comme à Bruxelles samedi et Longjumeau, près de Paris,dimanche, Vigneault a chanté ses nouvelles chansons, tirées de son dernier disque «Arriver chez soi». Il a bien sûr repris ses classiques: Les Gens de mon pays, Mon pays, La Danse a Saint-Dilon.

L'aventure n'est pas finie. Mardi, jour de son anniversaire, Gilles Vigneault s'installe dans un studio de Montreuil, dans l'est de Paris, pour enregistrer les duos «français» de son prochain album. Le programme est chargé et prometteur. Vigneault doit notamment chanter Une branche à la fenêtre avec Charles Aznavour, de quatre ans son aîné, La Source avec Anne Sylvestre, Lucas l'écolo avec Beaucarne et Quand vous mourrez de nos amours avec Guy Béart.

À son retour à Montréal, il enregistrera d'autres duos avec des artistes québécois, au nombre desquels figurent Richard Desjardins, Diane Dufresne et Claude Dubois.

L'album est attendu pour l'année prochaine.