Ils croient en Dieu, au mariage et aux miracles. Leurs paroles d'Évangile n'ont d'égales que leur sens du rythme. Et ils mènent une croisade sans merci contre le vaudou. Véritables Backstreet Boys du «konpa évangélique», les membres du groupe haïtien Révélation Mizik sont de passage à Montréal pour vous montrer la voie. Suivrez-vous?

La Presse _ Vous faites ce qu'on appelle du «konpa de Dieu». C'est quoi exactement?

Rossini Brénélus _ C'est du gospel à la sauce haïtienne. Notre message s'adresse aux jeunes. Nous voulons leur apprendre l'existence de Dieu sur des rythmes qu'ils aiment et qu'ils connaissent. Vous savez, nous avons longtemps prié Dieu de façon très statique. C'était l'ennui total et les jeunes n'écoutaient pas. J'ai formé Révélation Mizik pour transformer tout cela en divertissement. Quand on joue, on met le feu. On chante, on bouge, on saute partout. On devient fous pour Dieu. C'est moins ennuyant.

 

LP _ Et vos chansons parlent de quoi?

RB _ Du péché. Du jugement. Du pardon. De l'amour de Dieu.

LP_ Aucune chanson sur les femmes? Dur à croire pour des jeunes hommes dans la vingtaine!

RB _ Quand ça nous arrive, c'est qu'on parle de mariage... C'est un choix que nous avons fait. On le fait pour Dieu. Parce qu'il n'y a rien de mieux que Dieu. Il y a longtemps, je voulais chanter pour les femmes. Mais il est arrivé quelque chose dans ma vie qui a changé ma vocation.

LP _ C'est-à-dire?

RB - Un gros accident de voiture. En 2002, j'ai passé deux jours dans le coma. Je ne reconnaissais plus personne. J'allais mourir. Tout le monde pensait que j'allais mourir. Puis cet homme est entré dans ma chambre. Il s'est assis à côté de mon lit et il m'a dit: «Ton heure n'est pas encore venue.» J'ai guéri subitement. Je ne sais toujours pas si c'était un rêve. Mais ce fut ma révélation.

LP _ Comment pouvez-vous chanter Dieu sur une musique aussi physique que le konpa? Est-ce compatible?

RB _ Le konpa est une musique joyeuse. Et c'est justement pour ça que nous avons choisi cette musique. C'est une façon de rejoindre plus d'Haïtiens. Parce qu'ils aiment et s'identifient à cette musique.

LP _ Pourtant, l'Église évangélique a longtemps critiqué le konpa. Qu'est-ce qui a changé?

RB _ Le message. Avant, le konpa était utilisé pour dire de mauvaises choses. On parlait de femmes, d'hommes, de politique... Nous avons amené un autre discours. On ne nous a pas acceptés dès le début. On nous trouvait trop bruyants. Mais maintenant, les gens en redemandent.

LP _ Pour finir, que pensez-vous du vaudou? C'est une autre expression de la spiritualité haïtienne...

RB _ Nous le combattons. Le vaudou appartient au Diable. À Satan. Il tue des gens. Mais nous faisons de notre mieux et nous prions beaucoup pour ramener les adeptes du vaudou vers le christianisme. Chaque année, nous en récupérons une vingtaine. Chaque fois que cela arrive, je me dis que nous sommes bénis...

Révélation Mizik se produit aujourd'hui et demain au Grand Festival évangélique de Montréal. Complexe Cristina (6566, rue Jarry Est). Billets: 25$ à la porte. Informations: www.polytonic.ca