Le rappeur américain Jay-Z, le plus important acteur de la scène hip-hop américaine des 15 dernières années - n'en déplaise à son ami Kanye West -, donnera un concert assurément couru au Centre Bell, vendredi prochain, avec N.E.R.D., Wale et JCole en première partie. Rappel du parcours de ce poids lourd de la pop américaine.

Homme d'affaires dont la valeur est évaluée à près de 150 millions de dollars américains, producteur de disques, designer (la collection de vêtements Rocawear), copropriétaire d'une équipe de basketball (les Nets du New Jersey) et, surtout, fameux MC, Shawn Carter, dit Jay-Z, avait pourtant annoncé sa retraite et accroché son micro en 2004... seulement pour faire un retour, ultra-médiatisé, deux ans plus tard avec l'album Kingdom Come.

 

C'est que la scène hip-hop américaine ne saurait se passer de l'influent rappeur à la prosodie appuyée, au timbre de voix ambré qui sait être doux et autoritaire, qui a lancé il y a un mois son onzième disque en carrière, The Blueprint 3, l'un des albums les plus attendus de la saison. En cinq semaines, le disque s'est écoulé à près de 1,2 million d'exemplaires aux États-Unis - au Canada, The Blueprint 3 s'accroche à la septième position des meilleurs ventes.

Selon MTV, Jay-Z serait le plus grand MC de l'histoire du hip-hop. Quoi qu'on en pense, difficile de contester le fait que Carter est sûrement le plus important rappeur américain de sa génération. De ses débuts au milieu des années 90, alors qu'il fonde sa propre maison de disques indépendante (Roc-A-Fella), jusqu'à ce premier single du nouvel album D.O.A. (Death of Autotune, un réquisitoire pro-authenticité), l'homme a réussi à apposer son empreinte au genre. À preuve: trois grandes stars de la pop, Kanye West, The Neptunes et Rihanna, lui doivent leurs carrières.

De Dead Presidents à Empire State of Mind

L'histoire du jeune Carter est classique. Originaire d'un quartier modeste de Brooklyn, il grandit sans présence paternelle. Fait ses crocs sur les mixtapes, dans les soirées, puis fonde, à 26 ans, Roc-A-Fella, pour lancer son premier disque, Reasonable Doubt, dont est tiré l'un de ses premiers succès, Dead Presidents.

Les 13 années suivantes seront celles d'une fulgurante ascension, d'abord dans la chaîne alimentaire du milieu hip-hop, ensuite dans le star-système américain. Flairant le talent, Def Jam signe un contrat avec le jeune loup et lance In My Lifetime, vol.1, album négligeable si on le compare à son successeur, Vol.2 ... Hard Knock Life (1998), l'album qui l'a rendu riche et puissant. Échantillonnant le thème de la comédie musicale Annie, Jay-Z compose Hard Knock Life (Ghetto Anthem) et obtient un succès commercial et international fracassant.

Sa notoriété atteint un sommet avec la sortie de l'album The Blueprint original en 2001, sans doute l'un des meilleurs albums rap de la décennie. Ses ennemis commencent à se faire entendre, à commencer par un autre illustre new-yorkais, Nas, avec qui il échange des insultes par chansons interposées. Leur rivalité marquera la scène au courant des années 90 (sur le disque The Black Album, notamment, un autre de ses classiques). Or, Jay-Z a accompli un sacré coup de pub en mettant un terme à ces bisbilles en 2005, lorsqu'il invite Nas sur scène, lors d'un concert spécial pour enterrer la hache de guerre.

À presque 40 ans aujourd'hui, Jay-Z est considéré comme un parrain du rap américain. Une pop star intouchable, qui s'illustre par ses oeuvres humanitaires (il s'est impliqué lors de la catastrophe de l'ouragan Katrina, dénonçant l'administration Bush), que le président Obama aurait même cité, gestuellement, en faisant le geste d'enlever de la poussière de son épaule (comme dans la chanson Dirt off Your Shoulder, du Black Album) lors d'un discours prononcé durant sa course à l'investiture démocrate.

Son répertoire s'écoute comme une succession de succès ayant marqué le rap des années 90 et 2000 -le plus récent étant Empire State of Mind, un duo avec Alicia Keys-, lesquels seront pour la plupart au menu du concert au Centre Bell.

Jay-Z, au Centre Bell, le 30 octobre, 20h. Avec N.E.R.D., Wale et JCole en première partie.

 

EN UN MOT

Jay-Z, un rappeur new-yorkais qui a écrit l'histoire récente du hip-hop.