Il y a le nuevo flamenco, hybridé et visionnaire de Paco de Lucia et ses disciples. Il y a toujours le flamenco classique, inextricablement lié au patrimoine culturel andalou. Celui, par exemple, du guitariste virtuose Paco Peña et sa troupe qui s'amènent ce soir au Théâtre Outremont.

«Je respecte la tradition. La tradition est très sage, elle ne cesse de m'enseigner des choses nouvelles. J'ai grandi dans cette tradition que j'aime, mais je ne pose aucune barrière pour expérimenter ce qui peut me faire évoluer et faire évoluer les artistes de ma compagnie», explique le musicien, joint aux États-Unis lors d'une des nombreuses escales de son actuelle tournée nord-américaine.

«Iil faut éviter les expériences jolies et superficielles, le flamenco est une vraie culture et tu dois aller aux sources de cette culture pour être vraiment authentique, dit-il. Le flamenco est un monde libre et vivant, ouvert au changement, à condition que ses interprètes en restent toujours connectés aux racines.»

Que penser alors du nuevo flamenco, un mouvement ayant germé dans les années 70 et dont la figure de proue demeure le grand virtuose Paco de Lucia?

«Si tu te permets de sortir de la tradition comme l'a fait cet artiste magnifique, tu dois être très prudent, car n'est pas Paco de Lucia qui veut. Il faut comprendre ses motivations, son histoire personnelle à travers la musique flamenca, avant de s'y mettre. La vérité et l'honnêteté sont absolument requises pour réussir de telles ouvertures.»

Voilà le point de vue d'un artiste classique, dont la prudence et le respect des formes admises l'emportent visiblement sur le désir de les transgresser, bien que...

«Je suis ouvert à d'autres collaborations, se défend Paco Peña tout en assumant son classicisme en toute sérénité. J'ai étudié les musiques latino-américaines, j'ai aussi collaboré avec les musiciens de jazz... mais je dois d'abord mener mes propres activités sans prétendre aux grandes hybridations.»

Installé à Londres depuis de nombreuses années, le musicien revient régulièrement à Cordoue où il assume entre autres la direction artistique d'un festival international consacré à la guitare. Admiré par les férus de l'entière planète flamenca, le musicien tourne actuellement avec deux guitaristes, deux chanteurs, trois danseurs, un percussionniste. Tous vivent à Cordoue et Séville, soit au coeur de l'Andalousie.

«Il faut rester proche de cette région, autant que possible», estime leur employeur.

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Dans le cadre de la programmation Jazz à l'année du Festival international de jazz de Montréal, Paco Peña et sa troupe se produisent ce soir, 20 h, au Théâtre Outremont.