Pierre Lapointe est rentré au Québec dimanche, après avoir donné, samedi soir, son dernier spectacle à la Boule noire, petite salle parisienne d'un peu moins de 200 places où il avait pris ses quartiers pendant quatre semaines.

Lapointe s'est produit une quinzaine de soirs à la Boule noire, devant quelques dizaines de spectateurs au début puis des salles combles le week-end et dans les derniers jours. De cette expérience, il tirait avant son départ un bilan «très positif». «C'était modeste, mais je suis très content», a-t-il dit, convaincu d'avoir fait le «choix le plus sain».

Le plus simple pour lui, on l'a répété, aurait été de donner un concert ou deux dans une grande salle comme la Cigale. Lapointe a préféré mener un «travail de fond», doublé du «trip de changer d'air».

«Je suis flamboyant en apparence, mais mes choix montrent tout le contraire», confie le chanteur.

Pour lui, il ne s'agissait pas de toute manière de repartir à zéro, mais de laisser la rumeur et la bouche-à-oreille faire leur oeuvre. «Il est sain de se confronter à autre chose, poursuit-il.  Si j'ai du succès ici, c'est parce que j'aurai apprivoisé le public, comme je l'ai fait au Québec.»

À la Boule noire, une salle toute en longueur située au sous-sol de la Cigale, le public pouvait presque le toucher. Sur la minuscule scène, Pierre Lapointe et ses musiciens, serrés autour du du piano à queue, tenaient tout juste.

«Pour nous, ça a été un moment très fort. Ca faisait du bien d'être à nouveau ensemble. Mon groupe, c'est mon assise, ma famille. C'était un gros investissement d'emmener tout le monde, mais c'était important de vivre ça avec eux», raconte Pierre Lapointe.

En un mois, pendant lequel il s'est aussi autorisé une escapade au festival Nancy Jazz Pulsation pour un concert gratuit, Pierre Lapointe a réussi à asseoir encore un peu plus sa réputation. Il a fait plusieurs radios, France 3 et a eu droit à quelques articles, dans l'Express notamment et dans le Figaro, qui a vu en lui «un formidable interprète de chansons à texte qui, hélas, se croit parfois obligé de verser dans un rock endiablé alors qu'il est tellement meilleurs dans un registre intime».

Pierre Lapointe effectuera une tournée à travers la France au printemps. Mais avant, en novembre prochain, il fera à huit reprises la première partie du chanteur Colagero dans le cadre de sa tournée des «Zéniths» (au moins 3000 places).  Lapointe a écrit une chanson pour Colagero : «La Bourgeoisie des sensations».

«Je vais faire six chansons seul au piano, a-t-il expliqué. Ce n'est pas ça qui lance une carrière, mais ça sera une expérience intéressante.»

Quant au dernier disque de Pierre Lapointe, «Sentiments humains», il est sorti en France le mois dernier, le jour où le Québécois s'installait à la Boule noire. L'album est paru sous étiquette Wagram, le plus important des labels indépendants de France. Pierre Lapointe ne s'attend pas à un succès commercial. Séduites par Ariane Moffatt ou Coeur de pirate, les radios françaises ne passent pas (encore) ses chansons et, de toute manière, « le disque se meurt «.

« La Forêt des mal-aimés « (Audiogram) s'était vendu à moins de 20 000 exemplaires.