Après des dizaines de représentations complètes à Québec - plus de 50 000 spectateurs! - le spectacle The Man in Black - Hommage à Johnny Cash prend l'affiche à Montréal, à La Tulipe. Celui qui incarne l'homme en noir? L'Américain Shawn Barker, un gars étonnant, un maniaque de musique... et un homme qui aime se vêtir de noir.

Ce qui surprend a priori quand on rencontre Shawn Barker? Sa jeunesse! «C'est vrai, je n'ai que 36 ans et tout le monde est toujours surpris, parce qu'on a tous une image de Johnny Cash plus vieux, plus carré, aux traits plus marqués. Et pourtant, dans les faits, c'est entre l'âge de 36 et 40 ans qu'il a été à son summum.»

 

Cette seule réplique situe tout de suite Barker: il connaît son Cash (c'est en effet dans les années 60 que le chanteur a vraiment percé). Et sa voix est aussi grave que celle du grand Johnny. «Il y a quelques années, à Hollywood, je faisais partie d'une pièce où j'incarnais Elvis Presley, et c'est là que j'ai réalisé que rien n'avait été fait sur Johnny Cash, qui était un ami d'Elvis, qui était dans la même compagnie de disques (les mythiques Sun Records). On a donc été quelques-uns à travailler sur les premières versions d'un spectacle sur Johnny, Elvis, Carl Perkins et Jerry Lee Lewis; c'est devenu la comédie musicale produite actuellement sur Broadway (NDLR: The Million Dollar Quartet, qui se déroule le fameux 4 décembre 1956, seul soir où ces quatre piliers du rock'n'roll allaient jouer ensemble dans les studios de Sun). Mais sur Johnny Cash lui-même? Rien. Avec Kurt Brown, on a donc décidé de créer The Man in Black

Le spectacle roule depuis cinq ans, se promène de casino en salle de spectacle... Sur la lancée du succès d'Elvis Story, le Capitole de Québec a eu l'idée d'acheter le show, l'a présenté en mars dernier... et le succès a été tel que Shawn Barker est revenu le présenter tout l'été à Québec. Depuis, il s'est même trouvé une blonde québécoise et peut dire quelques mots en français!

The Man in Black n'est pas strictement chronologique et ne reconstitue pas les grands épisodes de sa vie (sa femme June Carter, fondamentale, n'est d'ailleurs pas incarnée sur scène: ce sont deux choristes qui interprètent ses chansons): «Nous avons essayé d'imaginer ce que Johnny aurait dit à partir de ce qu'on sait qu'il a fait et de mettre l'accent sur la musique, surtout. L'idée, c'était vraiment de s'éloigner du film.»

Le film en question, c'est évidemment Walk the Line (2005), qui reconstitue justement la vie du chanteur en noir. Mais le projet d'un spectacle hommage germait depuis bien avant cela dans la tête de Shawn Barker, qui a fait des recherches intensives pour nourrir la production: «Au fil des années, j'en apprends toujours plus sur Johnny Cash, j'ai eu l'honneur de travailler avec certains des musiciens qui l'ont accompagné et je parle encore régulièrement avec W.S. Holland (le batteur de Johnny Cash), toujours gentil et qui vit au Tennessee.» Barker ne s'en cache pas: le guitariste Mike Burns, qui l'accompagne sur scène, est en quelque sorte son Luther Perkins à lui, Luther Perkins qui était le guitariste mythique de Cash. Burns se fait d'ailleurs un devoir de jouer sur des instruments vintage pendant le spectacle, par devoir de mémoire. Et pour le plaisir.

«Pour le spectacle, nous avons choisi des chansons que tout le monde pourrait connaître, en évitant les plus obscures, reprend Barker. C'est pour cela que j'ai enregistré un album (en vente uniquement pendant le spectacle) qui comprend des chansons de Cash moins connues, parce qu'elles sont aussi belles que les plus célèbres.» Et quasi toutes écrites par Johnny lui-même. Pendant le spectacle, quelque 30 chansons sont interprétées par Barker, quatre musiciens et deux choristes, de Ring of Fire à Hurt, une des toutes dernières - et magnifiques - chansons chantées par Cash (écrite, en passant, par Trent Revznor, du groupe rock industriel Nine Inch Nails!): «C'est une des chansons qui suscite le plus de réactions, tant elle touche quelque chose de fort.»

Après les représentations à Montréal, Barker reprendra la route des salles de spectacles de casinos. Mais là comme ailleurs, il aura son talisman: un petit morceau de la maison de Cash à Nashville (qui a depuis brûlé). Tous les soirs, Mike Burns et lui l'installent sur la scène, afin qu'un peu de Johnny les soutienne... Le «ring of fire» peut être tout petit, parfois. Mais aussi brûlant.

The Man in Black - Hommage à Johnny Cash à La Tulipe du 5 au 9 octobre. Infos: www.admission.com