Lundi dernier, le lancement de Bushido, deuxième album solo de Xavier Caféïne, s'est terminé... le mardi matin, à 6h. Ça n'a pas empêché un Caféïne souriant, quelques heures plus tard, de répondre à nos questions. Car quand ça survit aux excès, c'est fait fort, les punk-rockeurs...

La dernière fois que j'ai rencontré Xavier Caféïne, c'était à Bruxelles, en Belgique, en 2007, où il écrivait, composait, jouait et réalisait l'album de... Plastic Bertrand. C'est que le flamboyant rockeur aux cheveux noir corbeau est capable de tout faire ou presque, et son nouveau disque, Bushido, en témoigne lui aussi. Hormis une reprise sentie de Viva de Klaus Dinger (musicien allemand de Kraftwerk, La Dusseldorf, Neu!...), c'est Xavier qui se charge de tous les textes, musiques, arrangements, instruments ou presque - il a laissé Adrian Popovich et Joseph Donovan, du studio montréalais Mountain City, coréaliser l'album avec lui, mais c'est tout juste.

 

Cette fois, contrairement à ce qui était arrivé pour son premier disque solo (Gisèle, 2007), ce n'est pas dans le sous-sol chez ses parents, dans l'Outaouais, qu'il a composé Bushido, mais à Montréal: «En fait, j'y suis allé un peu, chez mes parents, précise le séduisant rockeur de 34 ans, mais c'était surtout pour faire du kick boxing avec Jean-Yves Thériault (Québécois déclaré champion mondial de kick boxing 23 fois consécutives!) J'étais blasté de le rencontrer», dit Caféïne, qui pratique lui-même le sambo, art martial né... en ex-URSS.

Ses nouvelles chansons seraient-elles des coups de poing? «Non, répond-il en riant, mais je dirais que je fais des combinaisons (des séries de coups portés, en arts martiaux), qu'une chanson s'enchaîne à l'autre pour une raison bien précise, c'est presque un album concept pour moi.» L'impression «concept» est d'ailleurs soulignée par l'utilisation d'interludes (parfois asiatiques) entre certains morceaux, de plages musicales (par exemple, un air de piano en plein la très rock La vie est belle)... «C'est pour permettre à la musique d'atterrir pour mieux décoller ensuite», explique Xavier, dont c'est tout de même le cinquième album en carrière, quand on compte ceux faits avec ses groupes Poxy (en anglais, en 2004) et Caféïne (de 1998 à 2001). Sur scène, d'ailleurs, il n'est pas solo, mais bien entouré de quatre musiciens rock, qu'on verra au Club Soda le 29 octobre et à Québec le 30.

Le guerrier rockeur

Il est toujours étonnant de constater à quel point Xavier Caféïne est l'incarnation même de l'adage «un esprit sain dans un corps sain» - pas banal pour un rockeur en bonne et due forme qui ne crache pas sur les excès, mais croit en l'équilibre. «J'ai déjà été un enfant timide maladif, et dans mes premiers groupes, je finissais toujours drummer, derrière la batterie, explique-t-il. D'ailleurs, je recommande à tous ceux qui veulent écrire des chansons d'être drummer, franchement, ça aide. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il m'est arrivé quelque chose quand j'étais jeune qui m'a fait réaliser que je pouvais mourir n'importe quand. À l'époque, j'avais lu le bushido (la règle de vie des guerriers samouraïs). J'en ai appliqué le principe, soit de toujours penser à la mort, mais pour me permettre de faire absolument tout ce que je voulais, n'importe quoi. N'importe quoi! Disons que j'avais mal compris le bushido... C'est ensuite, à la fin de la vingtaine, que j'ai réalisé ce que le bushido voulait dire: penser à la mort est indispensable pour vivre au maximum, pour comprendre que la vie est un voyage, un cadeau...»

Aucune gêne à parler de vie spirituelle avec le rockeur souriant parmi ses tatouages et ses chaînes. Rockeur érudit, à part ça, capable d'évoquer dans ses textes de chansons autant le chef indien Pontiac que Darwin, Machiavel que l'Internationale, le Vatican, l'ange Gabriel, les enfants de Kandahar, Nietzsche, etc. Et punk amateur de pop qui reprend - sans s'en cacher - une idée de Richard Desjardins («Que Dieu blesse l'Amérique» dans la chanson L'Amérique), se penche sur la question de Dieu et de la Terre, tout en utilisant régulièrement les mots «con», «conne» ... Est-ce qu'on vous a dit que c'était aussi un album très rock, à fond de train, qui dégaine plus vite que son ombre?

«Écoute, je ne sais pas comment dire, mais j'ai l'impression parfois de recevoir l'aide de quelqu'un que je ne connais pas, parce qu'il y a des trucs que je ne me souviens pas d'avoir écrits et pourtant...», dit simplement Caféïne.

«Dans les années 70, reprend-il, les punks criaient «no future», mais c'est aujourd'hui que ça va mal. On assiste à une véritable guerre des cultures, on vit dans Babylone pour vrai: avant, deux tribus s'attaquaient pour un territoire, aujourd'hui, toutes les tribus se voient à la télé et sur l'ordi, et la guerre est féroce. En Occident, on vit dans une matrice, un monde digital, où tout le monde est tellement connecté (à des appareils) qu'on en est déconnecté (de la réalité)... Il me semble que c'est le temps ou jamais d'être punk!»

Ou samouraï...

ROCK

XAVIER CAFÉÏNE

BUSHIDO

OUTSIDE/INDICA

 

EN UN MOT

Après trois albums au sein de groupes et un premier album solo qui a connu le succès (Gisèle), le punk-rockeur Xavier Caféïne revient à l'assaut avec l'album Bushido.