Trois mois après la mort de Michael Jackson, la police de Los Angeles est sur le point de boucler son enquête. Mais la décision éventuelle d'engager des poursuites au criminel devrait prendre encore plusieurs semaines, si ce n'est des mois, de l'avis des experts juridiques. 

Le coroner du comté de Los Angeles a conclu en août à un homicide causé au premier chef par le puissant anesthésique propofol et le sédatif lorazepam après la mort du «roi de la pop», le 25 juin, à l'âge de 50 ans. Tous deux ont été administrés au chanteur, dans la résidence qu'il louait, par son médecin personnel, le Dr Conrad Murray.Ce dernier est visé par une enquête pour homicide involontaire, selon les termes employés par la police, mais les investigations vont bien plus loin, dans la mesure où elles concernent une demi-douzaine de médecins qui ont suivi Michael Jackson ces dernières années.

La police et l'agence fédérale de lutte antidrogue, la DEA (Drug Enforcement Administration), tentent de reconstruire le passé médical de Jackson, une tâche d'autant plus difficile que le chanteur usait de pseudonymes pour se procurer des médicaments.

La décision d'engager des poursuites pénales reviendrait au bureau du procureur du comté de Los Angeles. D'après la porte-parole Sandi Gibbons, la demande de chefs d'inculpation intervient une fois l'enquête de police achevée. Les procureurs examinent les preuves eux-mêmes. «Rien ne nous a été présenté», a-t-elle indiqué.

À l'exception d'une brève vidéo mise en ligne sur YouTube, le Dr Murray ne s'est pas exprimé en public depuis le décès de son célèbre client. «J'ai dit la vérité, et j'ai la conviction que la vérité l'emportera», affirme le médecin dans cet enregistrement. Son avocat, Edward Chernoff, avait déjà déclaré que rien de ce qu'a donné le Dr Murray à Michael Jackson «n'aurait dû» le tuer.

Le médecin a été interrogé à deux reprises par les policiers. Selon des documents de justice, il a déclaré aux enquêteurs qu'il avait injecté deux doses de lorazepam et de midazolam à la star en l'espace de près de six heures. Puis, vers 10 h 40 le 25 juin, le médecin dit avoir cédé aux demandes de son client et lui avoir administré du propofol, un anesthésique habituellement utilisé avant les interventions chirurgicales en milieu hospitalier. Le Dr Murray affirme avoir donné du propofol au chanteur chaque nuit pendant six semaines pour l'aider à dormir. Utiliser le propofol comme somnifère constitue une violation des directives médicales.

Les conclusions du coroner ne signifient pas automatiquement qu'un crime a été commis. Pour déposer une plainte pour homicide involontaire, les procureurs doivent démontrer l'existence d'une action qui a créé un risque de mort ou de blessure corporelle grave.

Aux yeux du Dr Jayson Hymes, anesthésiste et spécialiste du traitement de la douleur et de la dépendance, les autorités sont confrontées à une question centrale: «S'il n'est pas illégal d'être un mauvais médecin, on peut se demander si prescrire un mauvais traitement de façon aussi incroyablement stupide ne relève pas d'une négligence criminelle», observe-t-il.