Reconnu pour son allégeance au trip-hop dans les années 90, Jay-Jay Johanson n'en demeure pas moins un crooner dandy très influencé par le jazz. Son spectacle, qui inaugurera la nouvelle programmation du complexe eXcentris demain soir, est une chance plutôt rare de découvrir sur scène cet esthète suédois et son répertoire au spleen envoûtant.

Beaucoup plus présent en Europe qu'en Amérique du Nord, la dernière visite de Jay-Jay Johanson au Québec remonte à 2005. Après un virage électro-pop plus ou moins apprécié du public, son huitième album, Self-Portrait, met aujourd'hui l'accent sur des chansons aux nuances intimistes et dramatiques. Un univers très introspectif qui rappelle aussi ses débuts, à l'époque de Tattoo et de Whiskey.

Mais peut-on qualifier Self-Portrait de véritable retour aux sources? «Pas vraiment, admet le principal intéressé. Ce qui m'a plu dans le trip-hop, particulièrement Dummy de Portishead, c'est la fraîcheur et la nouveauté de cette forme d'expression musicale. Au départ, je jumelais mon goût pour le jazz, les trames sonores et une certaine musique électronique. Comme je compose au piano, c'est naturel pour moi de m'en tenir maintenant à une approche plus dépouillée. L'écriture et les mélodies prédominent désormais, plutôt que l'enrobage autour.»

En 2009, est-ce que Jay-Jay Johanson considère que sa musique s'enracine bel et bien dans la tradition du jazz? «Je me suis toujours senti proche du jazz, depuis mon adolescence en fait. C'est, un peu, grâce à mon père. Lors de l'enregistrement de Whiskey, j'étais très influencé par des artistes comme Chet Baker et Frank Sinatra. Il y a eu ensuite mes séjours en France qui m'ont permis de découvrir les Serge Gainsbourg, Michel Legrand ou Francis Lai. Ce sont des références auxquelles je reviens constamment», révèle Johanson.

État d'âme

Début quarantaine, marié et père de famille, l'auteur de It Hurts Me So ne semble pas avoir renoncé à une certaine humeur mélancolique dans ses textes. Même que la plupart des extraits de Self-Portrait témoignent d'une tristesse plutôt morose. Est-ce qu'on a affaire à un exercice de style ou à un véritable autoportrait de l'artiste tourmenté? «Je semble parfois trouver de l'inspiration lors de périodes plutôt inconfortables ou difficiles. Il faut dire que j'écris constamment, surtout loin de mes proches en tournée. C'est un état d'âme qui m'habite, quelque chose avec lequel je dois composer. Par contre, Poison (paru en 2000) est sans doute mon disque le plus sombre et dépressif à ce jour. Self-Portrait raconte autre chose, une autre étape de ma vie.»

Pour cette nouvelle série de concerts, ce disciple de Scott Walker ne se limite toutefois pas qu'aux pièces de sa toute dernière galette (uniquement en importation). Il promet d'interpréter des morceaux du méconnu The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known, mais aussi des populaires Poison et Whiskey. «Ce spectacle piano-voix me permet de choisir dans l'ensemble de ma discographie. Il y a seulement les titres assez rythmés que je n'ose plus refaire en spectacle. D'ailleurs, je ne me suis jamais vraiment senti à l'aise avec ces pièces.» Vous avez été prévenu!

«Comme je compose au piano, c'est naturel pour moi de m'en tenir maintenant à une approche plus dépouillée. L'écriture et les mélodies prédominent désormais, plutôt que l'enrobage autour.»

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Jay-Jay Johanson, demain soir à l'eXcentris.