Hier, dans le cadre du 15e FIL, Alex Beaupain assistait à la projection en public du film Les chansons d'amour, dont il a signé les si jolies chansons à la demande de son copain cinéaste Christophe Honoré. Demain soir, toujours au FIL, l'auteur-compositeur français sera du spectacle Tout ira bien, qui marie ses chansons et un roman de son amie auteure Kéthévane Davrichewy. Éclectique, vous avez dit chanteur éclectique?

Il y a quelques mois est sorti ici un très chouette album intitulé 33 tours, de l'auteur-compositeur-interprète Alex Beaupain. Hélas, il y avait bien d'autres disques qui sortaient aussi, et dans le fatras de CD, nous sommes peu nombreux à avoir eu le temps de succomber aux textes fins et personnels, aux mélodies fortes et au timbre clair de Beaupain, que certains ont comparé à Daho (pour l'élégance), à Souchon (la fragilité), à Gainsbourg (la sensualité), rien de moins!

Et pourtant, on en a entendu, de ses chansons gracieuses comme des robes d'été, dans le délicieux film Les chansons d'amour de son ami Christophe Honoré. Et on en entendra d'autres dans le prochain long métrage d'Honoré, intitulé Non, ma fille, tu n'iras pas danser, pas encore sorti sur nos écrans.

Alors, demain, à l'occasion d'un spectacle à la facture surprenante, on va en profiter pour aller entendre Alex Beaupain les chanter, ses chansons - dont certaines inédites - aux côtés de l'auteure Kéthévane Davrichewy et de la violoncelliste Valentine Duteil. Surprenant, ce spectacle, d'abord parce qu'il s'agit d'une espèce de «trialogue» entre littérature, chansons et théâtre. Mais aussi en raison même du roman mis en lecture: il relate la très difficile désintoxication d'un jeune toxicomane de 17 ans, ainsi que ses liens douloureux avec son amie Lou et son ami Antoine. Le titre du roman: Tout ira bien... Disons qu'il y a une ironie ô combien douce-amère dans ce titre, qui convient assez à l'univers de Beaupain.

«Il y a quatre ans, je sortais mon premier album (Garçon d'honneur) et Kéthévane, son premier roman. Pour un festival, on m'a donné carte blanche pour créer un spectacle et comme on s'aimait bien, Kéthévane et moi, on a monté cette rencontre de ses mots et des miens. Depuis, le spectacle a beaucoup changé. En fait, depuis un an, on l'a vraiment repris, retravaillé. D'ailleurs, après le Québec, on va le présenter en France d'octobre à février. J'aime bien faire les choses différemment. Si j'étais simplement chanteur, je m'ennuierais...»

Ce qui devrait être particulièrement intéressant, c'est la différence entre les deux plumes, les deux tons. Beaupain fait dans le second degré, la mélancolie un brin sarcastique. Davrichewy, elle, fait dans le premier degré, très direct: «Kéthévane, c'est vrai, a une écriture très elliptique, très précise, je dirais presque sèche. J'aime beaucoup. Notre point en commun, c'est que mes chansons (qu'il interprète au piano pendant le spectacle) évitent toujours le pathétique. Chacun à notre façon, on est pudique, je crois. Notre metteur en scène nous dit toujours: «N'ayez pas peur d'être en avant, vous n'en ferez jamais trop, tellement c'est pudique, vos mots.»

Prévu pour janvier, le prochain roman de Kéthévane le sera-t-il lui aussi? Au moment de notre entrevue, Alex Beaupain n'avait pas encore lu le manuscrit: il se le réservait pour le vol vers le Québec, histoire d'oublier sa légère peur de l'avion...

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Tout ira bien, demain, 20 h (ouverture des portes à 19 h), au Lion d'Or. Infos: www.festival-fil.qc.ca