À sa deuxième visite à Montréal en un an, la star du rap américain Lil'Wayne a investi hier soir le Centre Bell avec son Young Money: America's Most Wanted Tour mettant aussi en vedette Young Jeezy et Soulja Boy; ces figures de taille de la scène rap américaine n'ont cependant pas réussi à nous faire regretter l'absence du Torontois Drake, envoyé au repos après une vilaine chute sur scène il y a quelques jours.

Drake est l'artiste le moins reconnu de la tournée, mais c'était cependant celui qu'on ne voulait pas manquer. Le buzz autour de ce jeune homme de 22 ans, né Aubrey Graham, résonne sur la planète hip hop.

Originaire de Toronto, il s'est d'abord fait connaître comme acteur dans la série Degrassi: The Next Generation. En dilettante, il s'adonnait au hip hop et a lancé en 2006 sur sa page MySpace un premier mixtape qui a vite attiré l'attention sur sa voix calme et chaleureuse, au flow élégamment découpé. Puis, ça s'est mis à débouler. Une vraie histoire de Cendrillon du rap, qui plus est pour un rappeur canadien.

Il a signé un contrat avec la compagnie de production Hip Hop since 1978, qui pilote les carrières de Kanye West et Lil'Wayne. Son premier album, intitulé Thank Me Later, devrait paraître en octobre, et contiendra des collaborations avec les deux stars sus-mentionnées. Deux de ses chansons gravissent ces jours-ci les rangs du Billboard, et on lui prête une relation avec Rihanna... Et alors qu'il vient d'entamer la plus importante tournée rap de l'été, il se démolit un genou sur une scène du New Jersey. Zut alors.

Il s'agit d'un accident d'importance, puisque le seul prétexte à ce deuxième concert chez nous en sept mois, c'est justement de présenter les talents de la «famille» Young Money Entertainment, la boîte fondée par Lil'Wayne. Au moins, le rappeur louisianais nous a fait passer une bonne soirée.

Ça a démarré de manière tonitruante, du moment que les 9600 spectateurs ont aperçu la bouille de la star sur l'écran géant, grâce à une «WeezyCam» qui le suivait en arrière-scène, de la loge jusqu'à la foule. Son orchestre (guitare électrique, basse, batterie, claviers et tables tournantes) a couché un rythme pesant alors que Lil'Wayne a bondi sur scène, accompagné d'effets pyrotechniques, pour ouvrir son spectacle avec un de ses plus gros succès, A Milli, tiré de l'album multimillionnaire Tha Carter III.

Le son était fort, très fort, mais pas encore assez pour enterrer les hurlements des milliers d'ados réunis au Centre Bell. On n'a rien pu entendre de cette première chanson, sinon la voix de la foule, qui connaissait par coeur les rimes du rappeur.

Et pourtant, à grand renfort de batterie et de guitare électrique, A Milli sonnait comme une tonne de brique. Il est fascinant de constater combien l'un des deux ou trois rappeurs les plus importants du moment parvient à offrir un show qui se rapproche davantage d'une performance rock que d'un concert de hip hop «classique». Got Money, qui a suivi, n'a pas nuancé cette impression.

Lil'Wayne a traversé comme une flèche son répertoire, offrant les Phone Home, un extrait de Swagga Like Us (la super collaboration avec T.I., Kanye West et Jay-Z), Mr. Carter, Fireman (avec de gros jets de flammes sur scène!) et, plus tard, les Pop Bottles, la salace Mrs. Officer, Lollipop et Shoot Me Down.

Même sans nouveau matériel à proposer, le rappeur semble encore être au sommet. En fait, la seule vraie nouvelle chanson a été Prom Queen, un aperçu de son album rock (si si!), Rebirth, dont la parution a été maintes fois reportée (il devrait sortir en novembre). Peut-être aura-t-il enfin appris à jouer de la guitare électrique? À un moment donné, on le voit porter une belle Gibson rouge comme s'il s'agissait d'un gros pendentif: ça fait joli, assorti avec sa casquette, mais il ne fait que semblant d'en jouer...