Non, vous n'hallucinez pas. Love, The Electric Prunes et? Mark&The Mysterians, trois groupes cultes du rock psychédélique américain, se produiront à Montréal jeudi, vendredi et samedi dans le cadre du festival Wooly Weekend. Un véritable flash-back d'acide, qui devrait nous transporter au coeur des années 60. Jim Lowe, fondateur des Electric Prunes, évoque le passé, le présent... et ses trips de LSD.

Ils n'ont pas connu le succès des Doors. Ni celui des Grateful Dead. Ni celui du Jefferson Airplane. D'un strict point de vue commercial, ils ne représentent qu'une note de bas de page dans l'histoire du rock américain.

Mais dans le grand livre du psychédélisme, les Electric Prunes méritent certainement un petit chapitre rien que pour eux.

Fondée en 1966, cette formation californienne s'est fait connaître par deux tubes mineurs, aujourd'hui considérés comme des classiques du genre: I Had too Much to Dream (Last Night) et Get Me to the World on Time. Les chansons n'étaient pas des chefs-d'oeuvre d'écriture. En revanche, leur habillage était stupéfiant: textures bizarres, trémolo à outrance, échos extraterrestres, vibrato acidulé et toute la gamme des sons destinés à ouvrir les portes de la perception.

«On venait du surf et du blues, raconte James Lowe, chanteur et fondateur des Prunes. Notre idée était de mélanger tout ça et d'en faire une expérience de studio. Tout ce qui nous intéressait, c'était de mutiler les sons et de jouer avec leur distorsion dans le temps.»

Les Electric Prunes étaient-ils un groupe de drogués? En partie. Leur fascination pour l'exploration sonore s'inscrivait dans un contexte, plus large, de fascination pour l'exploration sensorielle, spirituelle et intellectuelle. C'était l'époque de Timothy Leary, pape du LSD, et du fameux slogan Turn on, Tune in, Drop out. Jeunes et dans le vent, les Prunes n'échappaient pas à la tendance. Mais selon James Lowe, la «consommation» ne fut jamais le moteur principal du groupe.

«Est-ce qu'on en prenait? Oui, comme tout le monde. Dans ce temps-là, on ne savait pas grand-chose sur les effets résiduels du LSD. Est-ce qu'on jouait complètement stone? Non. Notre temps de studio était compté et nos chansons étaient trop complexes sur le plan des arrangements. On n'aurait pas pu se le permettre. Cela dit, certains membres du groupe ont plongé un peu plus. Ce n'est pas mon cas», explique le chanteur, qui affirme s'être depuis longtemps mis aux drogues douces.

Messe flyée

Drogue ou pas, les Electric Prunes ont certainement enregistré un des disques les plus insolites de toute l'histoire du rock, à savoir la fameuse Mass in F Minor (Messe en fa mineur), qui reste, sauf erreur, la première incursion d'un groupe psychédélique en territoire religieux. On sait aujourd'hui que les Prunes n'ont rien écrit et qu'ils n'ont pratiquement pas joué sur cet album, composé, écrit et produit par David Axlerod. Mais cela a très certainement contribué à alimenter leur réputation de légende du psychédélisme.

Sorti en 1968, Mass in F Minor marque la fin des Prunes première période. Deux chansons du groupe se sont ensuite retrouvées sur la trame sonore du film Easy Rider en 1969 (un «honneur» pour lequel Lowe affirme n'avoir jamais été payé), mais l'aventure était déjà terminée. Du moins le croyaient-ils.

Pendant 30 ans, James Lowe a travaillé dans le monde de la télévision. Il a produit des pubs pour la télé et des émissions pour enfants avant de tout plaquer pour vivre à la campagne. Il ne pensait jamais ressusciter le groupe. «Pour moi, le rock était un dossier clos», dit-il. Mais en 2001, on lui a demandé de collaborer à une compilation des Prunes. De fil en aiguille, il a recommencé à jouer, puis à enregistrer (trois nouveaux disques sur le marché) et, enfin, à tourner avec certains de ses vieux complices.

En 2009, la formule n'a pas changé, assure le musicien. Les sonorités sont toujours aussi bizarres et les nouvelles chansons restent fidèles à l'esthétique des anciennes.

«Nostalgiques? Pas forcément. Mais nous assumons notre passé, explique Lowe. C'est ce que les gens attendent de nous et, pour tout dire, c'est ce que nous attendons de nous-mêmes. Ce serait malhonnête de s'appeler les Electric Prunes et d'arriver avec un concert de hip-hop, si tu vois ce que je veux dire.»

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WOOLY WEEK-END avec The Electric Prunes, Love,? Mark&the Mysterians, Sunday Sinners, Morlocks, Breastfeeders, The Gruesomes et autres. Les 6, 7 et 8 août au Théâtre Plaza. Information et billets: www.teenbeattakeover.com