« Montréal ! », a crié Karen O, en arrivant sur scène, le visage dissimulé sous une cagoule fluorescente. Dès lors, le public a su que la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs était en forme. C'était une excellente nouvelle, puisque que les spectacles du trio new-yorkais ont la réputation de suivre les aléas de l'humeur de sa belle.

Le groupe a démarré en trombe avec Heads Will Roll, tiré de leur nouvel album It's Blitz. A suivi Tell me what rockers to swallow, puis Phenomena. Un immense oeil bleu surveillait la scène en guise de décor.

Les Yeah Yeah Yeahs ont joué des chansons de l'un et l'autre de leurs albums et EP, misant beaucoup sur leur «rock sale». Le set-list était très intéressant. Juste avant le rappel, les fans de la première heure ont même eu droit à un triplé du premier album, Fever to Tell. Le tout a commencé avec Maps, interprétée de façon acoustique et low-tempo.

Les Yeah Yeah Yeahs avaient la tâche ingrate de remplacer les Beastie Boys comme tête d'affiche de la deuxième soirée. Un gros mandat.

Surtout que Karen O n'est pas de ces chanteuses qui vont vers le public. C'est plutôt le public qui tente d'entrer, et même de percer le mystère de son univers. La chanteuse est dans sa bulle, mais cela la rend fascinante à regarder. Elle aime cacher son visage. Quand elle ne joue pas les punkettes en sautillant dans les airs, elle fait des mouvements posés, lents et chorégraphiés, comme si elle était dans une sorte de transe. Il est rare qu'elle regarde la foule, mais il lui arrive souvent de sourire comme si elle atteignait un certain niveau de satisfaction.

Ce soir, on ne pouvait lui reprocher de ne pas s'être livrée tout entière. Pour les fans des Yeah Yeah Yeahs -dont nous faisons partie-, c'était une prestation très inspirée et enlevante. Il y a eu des moments forts, notamment sur Zero et Honeybear.

Toutefois, les Yeah Yeah Yeahs n'ont pas un bassin de hits suffisamment « grand public » pour véritablement créer une ambiance de fin de festival. Permettez-nous l'expression, mais un spectacle ne « lève » pas autant si l'intérêt de la foule pour la tête d'affiche varie beaucoup d'un spectateur à l'autre.

Mais qu'importe, les Yeah Yeah Yeahs ont très bien conclu la quatrième édition du Festival Osheaga. Aujourd'hui, plus de 15 000 personnes ont foulé le site du parc Jean-Drapeau malgré la pluie, a indiqué à La Presse le Groupe Spectacles Gillets (GEG).

Avec la journée de samedi, plus de 45 000 billets ont donc été vendus pour l'un ou l'autre des deux jours de festivités. C'est beaucoup plus que l'an dernier (28 000), ce qui doit réjouir GEG pour la suite des choses.

Tiga

Nous écrivons seulement quelques mots pour Tiga, ce qui est inversement proportionnel à tout le plaisir que nous avons eu à danser sous la pluie battante au son de l'incroyable DJ set qu'il a offert au public.

De voir tout le monde sauter dans les airs pieds nus dans la boue devant la scène Meg est l'un de nos meilleurs souvenirs « osheagien ».

Plus tôt dans la journée...

Rufus Wainwright seul au piano

Il était seul au piano, au beau milieu de l'immense scène de la montagne, l'une des deux scènes principales.

Dans une prestation sans prétention, Rufus Wainwright semblait manifestement content d'être sur scène dans sa ville natale, sous le soleil de l'heure du souper. « C'est bon d'être à la maison », a-t-il confié à la foule.

Le pianiste et chanteur a décrit son spectacle comme du sorbet. «Cela nettoie votre palais pour le rock sale qui va venir plus tard.»

Le New-Yorkais d'adoption a pigé ici et là dans son répertoire à lui et celui de reprises qu'il a l'habitude d'interpréter. Le public d'Osheaga a pu entendre La complainte de la butte, que Wainwright a reprise initialement pour le film Le Moulin Rouge.

Il a aussi interprété sa magnifique version de Hallelujah de Leonard Cohen. Et de son propre cru, il a chanté Not Rready to Love et son (presque) classique, Cigarettes and Chocolate Milk. Le public a même eu droit à une chanson de son nouvel opéra en français, Prima Donna.

Sa prestation est venue calmer l'ambiance devant les deux scènes principales. Les festivaliers ont donc pu s'évader dans leurs pensés tout en écoutant Wainwright au piano, tout en rechargeant leurs batteries pour la suite de la soirée.

The Decemberists et Arctic Monkeys sont attendus sur les scènes principales. En ce qui nous concerne, nous irons danser avec Tiga.

The Ting Tings: un pop pétillant

Ce qui est bien dans un festival, c'est d'avoir des exclusivités. C'était le cas de The Ting Tings, duo anglais formé du batteur Jules De Martino, et de la chanteuse/guitariste Katie White, qui se produisait pour une première fois à Montréal dans le cadre d'Osheaga.

Leur premier et unique album, We Started Nothing, a connu beaucoup de succès et a joué beaucoup dans notre lecteur CD. La scène Meg, boisée et plus petite, aurait peut-être été plus propice aux chansons pop légères et dansantes du duo de Manchester, mais The Ting Tings a très bien su se tirer d'affaire sur l'une des deux scènes principales.

La glace a été brisée avec We Walk, suivi de l'irrésistible Great DJ. « Il pleut. Nous nous sentons à la maison », a ensuite lancé Katie White. Mais ô miracle, le soleil s'est montré le bout du nez.

Nous aurions aimé que The Ting Tings interprète Be The One, mais Shut Up and Let Me Go a été un bon prix de consolation.

Espérons que The Ting Tings reviendra à Montréal dans le cadre d'un concert plus intime, qui serait plus favorable, à ses chansonnettes pop pétillantes.

Après The Ting Things suivait Vampire Weekend sur la scène principale. Le groupe new-yorkais, dont l'album éponyme très up-tempo et hop la vie a obtenu un grand succès d'estime, a été ajouté à la dernière minute à la programmation d'Osheaga.

Vampire Weekend a fait plaisir à ses fans en interprétant Mansard Roof, Cape Cod Kwassa Kwassa, I Stand Corrected et A-Punk.

Au chapitre de l'interprétation, leurs chansons passent très bien du disque à la prestation live, même si les membres de Vampire Weekend semblaient trouver la scène un peu grande.

Mais somme toute, c'était très agréable de les voir jouer pour une première fois avec le soleil qui a finalement eu le dessus sur la pluie.

Beast : puissant

Se produire en début de journée alors que beaucoup de personnes ne sont pas encore arrivées sur le site n'est pas toujours évident. Mais Beast a réussi à soulever la foule présente.Le son des chansons du duo né de l'union musicale de Jean-Philippe Goncalves (Plaster) et Betty Bonifassi (Champion) était parfaitement lourd. Lui était à la batterie, elle au micro, et ils étaient accompagnés d'une guitare et d'une basse-clavier.Les quatre musiciens étaient en symbiose et ont formé un puissant mur de son. Dès la première chanson, Finger Prints, c'était à nous rentrer dans le corps.

En fait, Beast a prouvé que sa musique électro-rock-hip hop peut habiter de très grands espaces. Bien entendu, il y a la voix de Bonifassi, mais ce sont aussi les arrangements riches et dansants qui sont à la hauteur de leurs ambitions, que ce soit sur Devil ou Mr. Hurricane.

Bref, chapeau Beast.

Heureusement, la pluie est beaucoup moins intense qu'il y a une heure. Espérons que les nuages nous épargneront pour le reste de la soirée.

C'est la flotte au parc Jean-Drapeau, ce qui ne semble pas refroidir les ardeurs des nombreux festivaliers qui entrent sur le site. Les bottes de pluie, les imperméables et les dits «ponchos d'urgence» sont définitivement à la mode.

Heureusement que la surface du sol devant les scènes principales est - nouveauté cette année - faite d'une sorte de gravier. Cela empêche la formation d'immenses flaques de boue. Il reste qu'à la sortie de la station de métro, ou encore devant la tente des médias, des pouces et des pouces d'eau se sont accumulés. «J'ai besoin d'un kayak», a blagué l'une des employés de Groupe Spectacles Gillett (GEG).

À moins de violents orages électriques, the show must go on («le spectacle doit continuer»), disent les organisateurs.

Si le contraste avec le beau temps d'hier ne pourrait être plus grand, cela n'empêche pas les gens d'avoir le sourire aux lèvres et le coeur à la fête.

Mais surtout, cela n'empêche pas les artistes de monter sur scène. Pour l'instant, le duo de rappeurs The Beatnuts se produit sur l'une des deux scènes principales

Tiga