Que le succès populaire de Nouvelle Vague ne fasse plus aucun doute, après la soirée passée hier en compagnie du collectif français, au Métropolis. Invités à donner un spectacle exclusivement conçu pour les FrancoFolies - les trois, s'il-vous-plaît -, la bande à Marc Collin et Olivier Libaux a, en quelque sorte, livré trois concerts en un, pour le bonheur des fans qui ont répondu en nombre à l'invitation.

Trois concerts: le format «standard» où le groupe reprend, heu, ses propres standards, celui qu'ils consacraient aux reprises de leur nouvel album (simplement intitulé 3) et ce «version française» exclusif aux Francos.

Des trois, donc, c'est le premier que les fans étaient venus voir. Celui des reprises bossa nova/pop/folk qui ont mis le groupe sur la carte, les Just Can't Get Enough (de Depeche Mode), Guns of Brixton (The Clash) ou encore Bela Lugosi's Dead (Bauhaus). Chanté par ces pétillantes et légèrement acidulées chanteuses -elles étaient trois - qui, dans leurs petites robes chic, ont empoigné la foule pour en faire ce qu'elles voulaient. Ces filles-là sont le coup de vent nécessaire à ces relectures qui, autrement, pourraient rester au raz des pâquerettes, parce que voilà, refaire les Buzzcocks (Ever Fallen in Love) ou The American (Simple Minds) façon pop lounge, ça peut devenir répétitif...

Cela étant dit, ramenons sur le tapis la question oh-combien délicate qu'est celle de la langue d'usage dans ces FrancoFolies. Oui, les deux tiers du concert de Nouvelle Vague ont été livrés en anglais. Et non, ça ne nous a pas fait un pli.

Les Francos de La Rochelle avaient envie d'inclure Nouvelle Vague dans leur programmation, or on leur a demandé d'élever le quota de chansons francophones à leur répertoire, ce qui fut fait. Or, les fans étaient de toute évidence là pour entendre ces chansons des années '80 qu'ils ont écouté jusqu'à ce qu'elles s'impriment dans leur subconscient - des chansons d'origine britanniques, en majorité. De sorte que les incursions dans les années new wave françaises ont été plutôt accueillies avec un mélange de curiosité et d'indifférence.

Forcément, si le groupe avait pu reprendre Larmes de métal de Soupir, ça aurait chatouillé une corde sensible auprès de l'auditoire. Alors, Tombé pour la France de Daho (chantée en lever de rideau) ou encore cette Déréglée de la non moins obscure Marie-France (un texte du Belge Jacques Duvall) ont été accueillies, disons, poliment, en comparaison à cette excellente version de Ça plane pour moi, version ska-reggae, offerte au rappel.

Dommage, car ces reprises de méconnues chansons des années '80 françaises ne manquaient pas de souffle. Cette version de Anne cherchait l'amour de Elli et Jacno, avec sa montée et ses harmonies vocales à deux voix sur la finale, était à donner des frissons. C'est, des sept ou huit reprises francophones offertes, celle qui a eu le plus bel effet dans la foule.

C'est en anglais que le Nouvelle Vague a eu le plus de succès au Métropolis hier, enfilant les reprises bossa qu'on apprécie et celles du troisième album qu'on découvre. La Too Drunk to Fuck des Dead Kennedys a été une session de défoulement collective; aux antipodes, cette version guitare-voix, sur le mode ballade, du God Save the Queen des Sex Pistols était aussi amusante qu'incongrue. Les Guns of Brixton et Love Will Tear Us Apart (de Joy Division, jouée en fin de concert, avant le rappel), deux reprises du premier album, ont également rejoint cette foule assez variée, trentenaires, quadragénaires, quinquagénaires.

En première partie, La Patère Rose a aussi fait preuve d'une énergie à toute épreuve, efficace dans l'interprétation de ses chansons et cabotin dans son attitude, une belle façon d'ouvrir cette soirée pop rose bonbon.