Isabelle Blais est l'une des actrices les plus en demande au Québec, au cinéma, à la télé et au théâtre. Par contre, même si le groupe rock Caïman Fu, dont elle fait partie, a trois albums dans ses bagages, la chanteuse se bute encore aux préjugés.

«C'est le même genre de préjugés qu'ont les acteurs face aux humoristes qui font du cinéma; ils veulent défendre leur territoire, c'est un réflexe, commente-t-elle. Le public aussi peut avoir des préjugés, mais quand il vient voir le concert, il constate que c'est tout un investissement. Le milieu au Québec est plus réticent à nous accepter dans la famille, à m'accepter moi, je ne me sens pas dans la gang. On a eu des critiques qui remettaient en question le besoin viscéral qu'on avait de faire de la musique. Ces questions peuvent être légitimes, mais est-ce qu'on les pose à d'autres musiciens qui ont un succès immédiat ou à ceux qui font Star Académie? Il faudrait vraiment que je sois maso pour dire que c'est juste une partie de plaisir, la musique. J'en fais parce que j'adore ça, mais faut que ça soit une passion. Au Québec, les groupes qui ne vivent que de ça, honnêtement, il n'y en a vraiment pas beaucoup.»

Elle fait un lien entre le chant et le jeu au théâtre qui exigent la maîtrise de la voix et la capacité de la projeter. «Mais en spectacle, t'es beaucoup plus libre qu'au théâtre où il y a le quatrième mur: il faut que t'oublies le public, tu reçois sa réponse, mais tu ne peux pas trop interagir; au contraire, il faut que tu te concentres et que tu fasses comme si t'étais seule. En chanson, le mur, tu veux le pulvériser.

«Même avec Caïman, j'interprète les chansons, je les vis, poursuit-elle. Les chanteurs qui m'ont influencée n'étaient pas que des chanteurs. J'ai trippé sur Madonna et Cyndi Lauper, qui étaient des personnages sur scène. Si je ne donnais pas de spectacles, je ne ferais pas de musique. Je chante tout le temps, même dans la douche, mais mon nanane, c'est les spectacles. En studio, à la limite, je n'ai pas beaucoup de plaisir.»

CAÏMAN FU Cabaret Juste pour rire, 1er août, 22h