Édition dédiée à Alain Bashung et spectacle hommage à Nino Ferrer: les Francofolies de Montréal, qui s'ouvrent jeudi pour 11 jours, rendent hommage à des piliers de la chanson française, sans oublier les nouveaux talents.

Jusqu'au 9 août l'ombre du «Grand» Bashung, décédé en mars d'un cancer du poumon, va planer au-dessus du centre-ville de la métropole québécoise le temps de 180 concerts gratuits et 60 spectacles payants.Un portrait géant du chanteur à la voix rauque et aux lunettes noires va trôner au milieu du nouveau quartier des spectacles, où sont installées la dizaine de scènes extérieures des Francos. «Pour qu'on soit toujours sous son regard», explique à l'AFP Laurent Saulnier, programmateur du rendez-vous montréalais.

«La deuxième chose», ajoute-t-il, «c'est qu'on a demandé, sans aucune obligation que ce soit, aux artistes présents d'interpréter une chanson de Bashung de leur choix».

Le Français s'était produit pour la dernière fois à Montréal en 2005, à l'occasion de deux soirées «carte blanche» des Francofolies. Il avait convié sur scène Christophe, Paul Personne, Daniel Darc, sa compagne Chloé Mons, ainsi que la Québécoise Diane Dufresne.

«On devait le recevoir à nouveau cette année... C'est parce qu'on espérait vraiment qu'il soit avec nous qu'on voulait lui rendre hommage, et aussi parce qu'on a vécu de très bons moments avec lui. Et puis, c'est un grand...», dit M. Saulnier.

Les succès déjantés de Nino Ferrer résonneront avec un accent québécois lors d'un grand concert en plein-air, le 31 juillet.

D'Alexandre Désilets, à Damien Robitaille et Sophie Beaudet, douze jeunes chanteurs canadiens reprendront les compositions de l'artiste franco-italien, mort en 1998, pour un spectacle créé sur mesure pour la 21e édition des Francos.

«C'est quelque chose de très intéressant de redécouvrir Nino Ferrer aujourd'hui, particulièrement au Québec où il n'a jamais été très connu», indique Laurent Saunier.

Un autre moment fort du Festival pourrait bien être le retour à Montréal, pour cinq concerts, de Coeur de pirate, alias Béatrice Martin. Encore anonyme l'été dernier, la jeune Québécoise de 20 ans a rapidement conquis la Belle province et la France avec ses chansons candides accompagnées sobrement d'un piano et de quelques instruments.

Dans un autre registre, la rencontre le 6 août de l'Américain Béla Fleck et du Malien Toumani Diabaté devrait ravir les amateurs d'instruments à cordes et les mélomanes en général. L'un, Fleck, est considéré comme le meilleur joueur de banjo du monde. L'autre, Diabaté, comme le maître de la kora, une harpe-luth africaine à 21 cordes.

Les Francofolies sont coutumières des formules musicales inattendues. Dans le même genre, le groupe Nouvelle Vague et la chanteuse Martha Wainwright abandonneront le temps d'un concert l'anglais pour la langue de Molière.

Côté découverte, les groupes Otarie, Chinatown, Les Batteux slaques ou CEA satisferont les passionnés à l'affût des nouvelles perles du rock indépendant québécois, tandis que les formations phares de la «scène montréalaise» - Malajube, Pierre Lapointe, Karkwa ou Arianne Moffat - seront encore présentes.

La France sera quant à elle représentée par des ambassadeurs de renom: Bernard Lavilliers, Juliette Gréco et Jane Birkin.

Créées sous l'impulsion du père des Francofolies de La Rochelle, Jean-Louis Foulquier, les Francofolies de Montréal succèdent chaque année à leurs cousines belges de Spa (17 au 21 juillet) et françaises (10 au 14 juillet).