Les indices collectés par la police à Houston dans la clinique et dans le service du Dr Conrad Murray, le médecin personnel de Michael Jackson, poussent les enquêteurs à explorer la piste de l'homicide involontaire dans la perspective de poursuites criminelles, estiment plusieurs experts juridiques. Pour l'heure, les autorités n'ont pas encore publiquement parlé d'enquête criminelle et continuent d'affirmer que le Dr Murray n'est pas considéré comme un suspect.

«Ce n'est plus une enquête sur la cause de sa mort. Il s'agit de l'élaboration d'une affaire pénale», analyse Mark Geragos, l'ancien avocat de la vedette, qui a dit ne pas penser que Michael Jackson se soit suicidé, pensant plutôt à l'utilisation imprudente d'un médicament ou une combinaison de médicaments pour expliquer le décès de la star le 25 juin dernier.

Les enquêteurs «soupçonnent fortement que (Murray) puisse être responsable» de la mort du «roi de la pop», estime Laurie Levenson, professeur de droit à l'Université de Loyola.

Parmi les objets saisis à la clinique du Dr Murray figurent 27 comprimés de phentermine (un coupe-faim dérivé de l'amphétamine), un comprimé de clonazépam (un relaxant musculaire préconisé le plus souvent chez les épileptiques), ainsi que des cartes de visite, des factures, des avis de l'IRS (le fisc américain) et des disques durs.

Ils ont également saisi un «avis de suspension» délivré par le Doctor's Hospital à Houston et des «documents concernant des données incomplètes» venant du même hôpital. «J'entends d'ici là l'exposé des motifs du ministère public», assure Me Geragos. «Ils vont décrire un médecin dont les prérogatives ont été suspendues par un hôpital pour avoir mal tenu ses dossiers, qui a des problèmes financiers et qui décroche la chance de sa vie -avec gros chèque à la clé- en devenant le médecin personnel de Michael Jackson».

Agé de 51 ans, le Dr Murray est devenu le médecin personnel de Michael Jackson peu avant la mort de ce dernier et se trouvait au côté de l'artiste le 25 juin au moment du décès.

De novembre 2007 à septembre dernier, cet homme à la tête de la société Global Cardiovascular, basée à Las Vegas, avait perdu une série de procès, devant verser au total plus de 400 000$. Il aurait dû suivre Michael Jackson lors de ses 50 concerts à Londres de juillet 2009 à mars 2010 et toucher pour cela 150 000$ par mois, selon les médias.

Le médecin est resté discret depuis la mort de Michael Jackson à l'âge de 50 ans. Il a été interrogé deux fois par la police mais ne s'est pas exprimé publiquement. Son bureau était fermé vendredi et les rideaux tirés.

Le médecin légiste en chef adjoint du comté de Los Angeles, Ed Winter, a déclaré qu'il faudrait attendre au moins jusqu'à la fin de la semaine à venir pour connaître les conclusions des rapports toxicologiques sur la cause de la mort de Jackson.

Il faudra en tout cas des éléments de preuve très solides pour que les enquêteurs entament des poursuites, non plus pour simple négligence mais pour négligence criminelle, estime Greg Scott, ancien procureur fédéral et procureur de Californie.

Et même s'ils franchissent le pas, la tâche ne sera pas aisée au tribunal, souligne-t-il: «Les affaires visant des médecins sont extrêmement difficiles. On demande au jury de critiquer après coup les décisions d'un professionnel, ce qu'on ne fait pas souvent. Si un médecin nous dit de faire quelque chose, nous le faisons», remarque-t-il. En outre, ajoute Greg Scott, «si la défense trouve ne serait-ce qu'un médecin pour déclarer que c'était le traitement adéquat, on est dans le doute raisonnable» et le suspect ne devrait pas être condamné.