En intitulant son septième album Burn Burn, Our Lady Peace claironne haut et fort son retour au rock incendiaire des débuts. «Une belle façon de boucler la boucle», estime le batteur Jeremy Taggart.

Après 17 ans d'activité, six albums et quelques changements d'alignement, le quatuor torontois revient en force avec une nouvelle collection de titres pour laquelle il ne s'est pas pris la tête, se fiant plutôt à son instinct. Loin de marquer son chant du cygne, Burn Burn fait donc plutôt l'effet d'une renaissance au sein de la formation.

 

«D'une certaine manière, c'est vrai que l'album est plus rock. Parce que cette fois-ci, c'était davantage nous tous ensemble, en tant que groupe, dans une seule et même pièce. Le résultat est plus cru, l'énergie est plus brute. Et je pense que c'est ce que les gens ressentent à l'écoute de cet album», juge Jeremy Taggart.

Ce réalignement vient notamment du fait que le groupe a repris en main sa destinée artistique, réalisant lui-même son disque.

«C'était toute une affaire! explique le musicien. Entre chaque séance d'enregistrement, on s'arrangeait pour ne pas réécouter les pistes. De cette façon, nous avons été capables de demeurer le plus détachés possible. Nous n'avons pas été complaisants. Après quelques mois, il y avait huit chansons que l'on aimait vraiment. C'est ce qui se retrouve sur l'album.»

Loin d'être volontaire, cet espacement entre chaque visite en studio découlait de la distance qui existe maintenant entre les membres de la formation, dont une partie vit à Toronto (Taggart et le guitariste Steve Mazur) et l'autre à Los Angeles (le chanteur Raine Maida).

«Steve et moi enregistrions nos idées à Toronto, alors que Raine enregistrait les siennes à Los Angeles. Lorsque nous étions réunis, nous mettions tout cela ensemble. C'était vraiment intéressant de voir comment personne ne cherchait à pousser ses idées au détriment de celles des autres. Oui, nous sommes physiquement séparés, mais nous avions quand même fait six albums ensemble préalablement. Quand nous nous retrouvions, nous n'avions donc pas de problèmes à travailler ensemble.»

Burn Burn se veut donc un acte de foi renouvelé dans un groupe qui, depuis la parution de Naveed (1994), est considéré comme l'une des plus importantes forces créatrices sur la scène rock canadienne.

«Ce que ce disque vient dire, c'est que nous sommes encore là. Qu'après toutes ces années, on se sent privilégiés d'exister encore en tant que groupe. Qu'on est tous meilleurs en studio, tous meilleurs en tant qu'instrumentistes. C'est notre job. Et on le fait avec un certain sentiment de compétence en ce moment.»

Toujours aussi influencée par la littérature, la formation menée par Raine Maida a choisi une citation du roman On the Road (1957) de Jack Kerouac - une sorte de déclaration d'intention - pour coiffer ce nouveau chapitre dans sa discographie.

«Étant des musiciens, nous nous retrouvons sur la route constamment. C'est donc difficile de ne pas avoir de respect pour Jack Kerouac et ce en quoi il croyait... C'est aussi un coup de chapeau à notre histoire, au fait d'accomplir des choses en compagnie de gens qu'on apprécie. Nous avons choisi ce titre pour sa signification, mais aussi pour son côté simpliste qui va droit au but.»

La participation de chacun des musiciens dans ce choix, mais aussi dans la création de l'album, a apporté un sens renouvelé d'engagement.

«Comme nous avons participé plus à la musique, c'est définitivement notre album le plus Our Lady Peace. Je pense que ça donne aussi plus de personnalité à l'album...»

C'est ce que Taggart et compagnie tâchent de montrer ces jours-ci sur scène, où le groupe fait présentement un retour. Après une première tournée des festivals canadiens, dont le Festivent de Lévis, le quatuor mettra le cap sur l'Europe avant de rentrer au pays à l'automne pour une «vraie» série de spectacles en salle.

«En studio, nous jouions déjà les pièces live. La transposition pour la scène n'est donc pas problématique. Ce sont des pièces que nous avons beaucoup de plaisir à interpréter. Elles ont une belle musicalité. Elles nous offrent aussi plus de plages de liberté...» conclut Jeremy Taggart, enthousiaste devant ces nouvelles possibilités.