Elvis... Aucun nom n'évoque une musique et un personnage aussi universellement connus. Aucun nom ne suscite non plus de si formidables attentes. Parce qu'on a l'impression de connaître l'un et l'autre de bord en bord.

À sa 15e année d'existence, le spectacle Elvis Story s'installe à l'Étoile DIX30 de Brossard pour l'été. Plus d'un million et demi de spectateurs ont déjà assisté aux quelque 1400 représentations données depuis sa création au Capitole de Québec en 1995. Avec, dans la peau de la première superstar du rock'n'roll, un petit rouquin de Laval du nom de Martin Fontaine qui, par son talent et son énergie, a fait de cette production un des grands succès du showbiz québécois.

Le nouvel Elvis s'appelle Brandon Bennett. Le Louisianais (de Ponchatoula) a gagné l'an dernier l'Ultimate Elvis Tribute Artist Contest organisé par Elvis Presley Enterprises (d'où le qualificatif «ultimate») qui l'a recommandé au producteur québécois (Elvis Story est produit sous licence d'EPE).

Brandon Bennett a la moitié du physique de l'emploi. Il ressemble à Elvis (en plus joufflu), mais pour le reste de la charpente - plutôt forte au centre de la masse visible - il fait plutôt penser à un secondeur de ligne des Spartiates du Vieux-Montréal. Rien de grave en soi si ce n'était que l'artiste s'avère assez peu délié du bassin, carence importante quand il s'agit d'incarner un chanteur qui provoquait l'hystérie par ses seuls déhanchements. D'où son surnom de «Elvis the Pelvis»...

Le gars a beau essayer - marche sur le bout des pieds avec jambes écartées; genoux flageolants, etc. - on sent l'étude dans sa gestuelle. Souvent il piétine: Elvis ne piétinait pas. Et les mimiques et autres «Thank you very much» - dans son propre accent du Sud - ne changent rien à l'affaire: on aimerait y croire.

Reste la voix, et là, Brandon Bennett s'aligne avec les meilleurs, tant dans le timbre qu'en puissance. Cette voix a sauvé la soirée à la première de jeudi dernier, surtout en deuxième partie quand, pour l'époque allant du come-back de 1968 au triomphe de Las Vegas, s'alignent les grandes ballades: Are You Lonesome Tonight?, You've Lost That Lovin' Feelin' et, la plus belle de toutes, If I Can Dream, où Bennett ouvre grand la machine. Mais c'est la 38e pièce des 40 du spectacle.

Mario St-Amand assure la narration sur scène et fait bien les choses. Le scénographie (Yves Aucoin) d'Elvis Story a été refaite - beau jeu d'ombre et de lumière dans Jail House Rock, entre autres - et les chorégraphies aussi (Geneviève Dorion-Coupal). Mais on reste sous la nette impression que les six choristes-danseurs (trois gars, trois filles) ont plus à donner en voix qu'en pas. Rien n'est plus dur à regarder qu'un mauvais danseur.

Malgré quelques accrocs de première (dont une intro totalement ratée), l'orchestre est correct; au «4-man rock'n'roll band» vient s'ajouter une section saxophone-trompette-trombone. Tout pour que ça pète. Pourquoi alors cette demi-mesure dans A Little Less Conversation, version remixée façon XXIe siècle qui, en rappel, a la puissance rythmique pour faire oublier bien des faiblesses? Dont la froideur de cette Étoile DIX30, une salle à la recherche d'une âme.

Elvis Story, à l'Étoile DIX30 de Brossard, jusqu'au 30 août. 65 $ et 70 $, plus frais d'administration, (450) 676-1030 ou www.admission.com.