Un porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, a rappelé lundi la nécessité de «favoriser la création et l'expression artistique quoi qu'il arrive», après la déprogrammation du rappeur Orelsan des FrancoFolies de La Rochelle.

Le rappeur, dont la chanson Sale Pute a fait scandale, a été retiré de l'affiche du festival de la chanson francophone.

L'affaire a rebondi ce week-end sur le terrain politique. Dans un communiqué, les porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé, ont jugé dimanche «intolérable» la déprogrammation du rappeur controversé, accusant la présidente (PS) de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, d'en être l'instigatrice, via «un chantage à la subvention».

Mme Royal s'était réjouie début juillet de sa déprogrammation et avait expliqué au journal Sud-Ouest avoir demandé des «clarifications» au festival sur la présence de l'artiste.

De son côté, l'ancien ministre PS de la Culture Jack Lang a dénoncé «une forme de censure morale». Orelsan, «on a le droit d'aimer ou de ne pas l'aimer, mais on n'a pas le droit d'exercer sur son oeuvre, à partir du moment où il est programmé, je ne sais quel interdit ou menaces», a-t-il observé sur France 3. «Si on met le doigt dans l'engrenage de censure, alors la voie est ouverte à des interdits multiples», a-t-il ajouté, évoquant «une atteinte portée à la liberté d'expression».

Interrogé sur cette affaire lors du compte-rendu du Conseil des ministres, Luc Chatel est resté prudent.

«Sur ces questions de création artistique, il faut toujours trouver un équilibre entre la liberté d'expression, la liberté de création, et le respect des personnes et du droit», a déclaré le porte-parole du gouvernement.

«Notre rôle, c'est de favoriser la création et l'expression artistiques quoi qu'il arrive. J'observe qu'Orelsan avait annoncé qu'il ne chanterait pas au cours de ce festival la chanson qui a fait tant polémique», a ajouté M. Chatel.

De son côté, Orelsan a jugé «vraiment aberrant», de «déprogrammer un concert qu'on n'a pas vu» et a exprimé le souhait de rencontrer le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, dans un entretien diffusé lundi sur Europe-1.

«Quand on étudie l'affaire de A à Z et qu'on voit tous les faits, on voit vraiment qu'il y a des pressions, que la déprogrammation n'est pas justifiée. Les personnes qui déprogramment mon concert ou qui mettent des pressions sur les organisateurs n'ont pas vu le concert», a déclaré le rappeur.

Et d'ajouter: «ce n'est pas Ségolène Royal qui arrangera mon cas. J'aimerais peut-être mieux rencontrer Frédéric Mitterrand qui, lui, est chargé de ça», a-t-il dit. «J'aimerais montrer que les gens qui me déprogramment me font passer pour quelque chose que je ne suis pas et ne connaissent pas le fond du sujet».

Pour le fondateur des Francofolies Jean-Louis Foulquier, qui s'est exprimé sur France 3, «le public est le seul juge, il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles». Et d'ajouter sur France 2, à propos de Ségolène Royal: «c'est un peu l'instigatrice à mon avis, il faudrait que les gens, les organisateurs des Francofolies disent la vérité».

En avril dernier, l'organisation du Printemps de Bourges avait maintenu la venue d'Orelsan au festival en dépit de menaces brandies par le président de la région Centre, l'un des partenaires financiers, en pleine polémique au sujet du titre «Sale Pute». Elle avait notamment souligné ne pas vouloir faire acte de censure et avoir reçu l'assurance que cette chanson ne serait pas reprise à Bourges.