Les deux meilleures minutes du festival : Deux minutes qui ont été à l'image d'une performance ravissante, de la première à la dernière note: au premier rappel, la légende Ornette Coleman a «interprété» Beat It dans l'un des hommages les plus inattendus du festival.

Les deux pires minutes du festival

Forcément, sur la manne de spectacles vus, plusieurs moments «bof» vécus durant cette 30e présentation, mais deux minutes pires que les autres? Allons-y avec celles passées auprès du chanteur britannique Ola Onabule, sur la Place des festivals. Le chanteur aurait mieux fait dans la distribution de Jesus Christ Superstar. Trop, c'est comme pas assez...

Le meilleur spectacle du festival

Là aussi, on a l'embarras du choix. Joyce? Burning Spear? Ornette Coleman? Optons pour la vivifiante et inspirante performance de Coleman, qui ne trahissait pas son âge vénérable.

La révélation du festival

Esperanza Spalding, hors de tout doute. Premier contact avec cette contrebassiste douée et chanteuse brûlante de passion. La pétillante jeune femme a mis le public du Gesù dans sa petite poche arrière grâce à cette performance où soul et jazz faisaient très bon ménage.

La fausse bonne idée

Brian Setzer à la salle Wilfrid-Pelletier. Oui, la salle de la Place des Arts contient plus de festivaliers qu'un Métropolis affichant complet, mais mettre la dynamo du big band dans une salle encombrée par des rangées de bancs (ne parlons même pas de la sonorisation...) était néanmoins mal avisé. Juste derrière, les marionnettes d'ombre de l'artiste indien invité par Patrick Watson - on n'a presque rien vu...

La meilleure blague du festival

Plutôt qu'une blague, mentionnons plutôt le sens de l'humour de deux chanteuses, qui se sont amusées ferme aux dépens des hommes durant leurs concerts respectifs, Estelle et Oumou Sangaré! Je pourrais bien vous en raconter une, mais, comme on dit, fallait plutôt être là...

Un artiste à réinviter l'an prochain

Irma Thomas. Elle devait être à l'affiche d'un programme double au Métropolis, annoncé trop tard pour que les billets se vendent comme on l'espérait. On lui a donc plutôt offert de chanter pendant 45 trop courtes minutes, en première partie du Brian Setzer Orchestra. Cette voix formidable a droit à la tête d'affiche.

En résumé

De Stevie Wonder à Ben Harper, le Festival de jazz a gâté les mélomanes en multipliant les événements spéciaux gratuits pour souligner, avec faste, sa 30e présentation. Tous ces grands rendez-vous, sans exception, ont été à la hauteur des attentes. Bravo, et merci.

Or, lorsqu'on s'attarde au reste de la forêt de spectacles derrière ces grands arbres populaires, la 30e présentation n'a pas, en soi, été fort différente des quelques précédentes: encore de grandes légendes de la pop, des retours bienvenus, quelques propositions jazz d'envergure, et beaucoup, beaucoup d'artistes destinés à plaire au plus grand nombre. L'édition jubilaire n'a pas été l'occasion de donner un nouveau souffle à la direction artistique du festival, mais plutôt une consolidation de la recette qui a fait son succès.

Succès qui, cette année, s'est fait en dépit des embûches: reconfiguration presque complète d'un site lourdement encombré par les travaux; annulations importantes de concerts attendus (Robert Glasper, Hellen Merrill, The Orb) et, surtout, les cruelles conditions météorologiques qui ont prévalu durant presque toute la durée du festival. La victoire de l'organisation en fin de parcours ne sera que plus méritoire.