Les deux meilleures minutes du festival : À son dernier rappel, c'est-à-dire cette version de Lonely Woman, avoir été ravi par le tonus, la vision et la pertinence de la musique signée Ornette Coleman, 79 ans, prix Miles-Davis.

Les deux pires minutes du festival

Au terme de la soirée de mercredi, on m'a appris la mort à l'Upstairs de Len Dobbin, le doyen des chroniqueurs de jazz à Montréal.

Le meilleur spectacle du festival

Wayne Shorter en quartette, encore une fois. Ce fut la quintessence de ce que le jazz peut m'apporter en 2009. En vision, en improvisation, en virtuosité, en puissance interactive, en sagesse.

La révélation du festival

Joyce Moreno, 62 ans. À Montréal, nous avons mis plus de quatre décennies avant de découvrir sur scène cette grande artiste carioca, dont le jazz et la samba sont les matériaux essentiels à un répertoire exceptionnel.

La fausse bonne idée

Avoir eu la bonne idée de laisser planer l'aura de Miles Davis sur la 30e programmation, mais... Sketches of MD de Kenny Garrett, kaput. Les 50 ans de Kind of Blue, ordinaire. Miles From India, bonne idée inachevée, malgré les qualités évidentes de ce concert. Une ou deux répétitions et une sono mieux préparée auraient évité la division des perceptions.

La meilleure blague du festival

Lorsque Joshua Redman, pouffant de rire, a annoncé que sa prochaine pièce au programme serait un cru de Céline Dion. «Ce n'est peut-être pas la bonne ville pour faire ce genre de blague», s'est-il excusé devant un public montréalais... hilare.

Un artiste à réinviter l'an prochain

Rudresh Mahanthappa, excellent saxophoniste, concepteur allumé et prolifique, transculturel. Il nous faut maintenant entendre son quartette, du plus haut intérêt: Vijay Iyer, piano, François Moutin, contrebasse, Dan Weiss, batterie.

En résumé

Que tirer de cette soixantaine d'heures de concerts? L'impression d'un bon festival, à la hauteur des attentes du 30e FIJM.

Stevie Wonder gratuit, c'était quand même du grand luxe. Patrick Watson en mode grande foule, c'était une très belle initiative. La soirée Rocksteady? Très agréable.

En tête de liste des concerts en salle: Wayne Shorter, Ornette Coleman, les résidences de Joshua Redman et Renaud Garcia-Fons, Joyce Moreno, Kenny Werner, le Maria Schneider Orchestra, Rudresh Mahanthappa, Bill Frisell, Brian Blade Fellowship, Somi, Esperanza Spalding, Anat Cohen.

En milieu de liste: Bill Charlap&Houston Person, Greg Osby, Baptiste Trotignon, le Monterey Quartet, la résidence d'Érik Truffaz, Wynton Marsalis et Chano Dominguez, Branford Marsalis, Julie Lamontagne, Bourassa-Caron, Chucho Valdés Quintet, Aaron Parks Trio, Jeff Beck, Hiromi, le Bell Orchestre, Luciana Souza-Romero Lubambo, Oliver Jones, Eliane Elias, Michel Donato, Hommage à Éval Manigat, Lorraine Desmarais Big Band.

En fin de liste: Miles From India, Remembering Miles Davis'Kind Of Blue, Dominic Farinacci, Charlie Haden, Pink Martini. En toute fin de liste: Kenny Garrett, Sadao Watanabe, Chris Botti.

On pourrait bien sûr relancer les critiques à l'endroit du FIJM, notamment ses oublis ou omissions de pans entiers du jazz nouveau. On y reviendra certes.

Au cours de ses trois décennies d'existence, le FIJM a créé une facture qui satisfait amplement une majorité absolue de festivaliers, et aussi une majorité de jazzophiles. Oui, le FIJM propose encore un itinéraire intense aux férus de jazz. Bravo. Pour les 30 prochaines? Il n'y a aucune raison de laisser en appétit le reste des mélomanes pour de strictes raisons de goût ou d'impact quantitatif. Lorsque la qualité y est...