Les allégations d'agressions sexuelles qui ont terni à deux reprises la carrière de Michael Jackson n'ont pas marqué outre mesure l'imaginaire des Québécois.

Selon un sondage Angus Reid Strategies mené après la mort de la star de la pop, 78 % des Québécois se souviendront de Michael Jackson d'abord et avant tout pour sa musique et ses légendaires vidéoclips, contre 10% qui se souviendront de lui pour les accusations d'agressions sexuelles.

C'est au Manitoba et en Saskatchewan que les épisodes sombres de sa vie ont le plus marqué les esprits: près du tiers des répondants affirment qu'ils se souviendront de lui pour les allégations d'agressions sexuelles, alors que seulement 48 % des répondants disent qu'ils garderont en tête son oeuvre artistique.

Alors que 36 % des Canadiens croient que ces allégations étaient probablement ou certainement fausses, cette proportion grimpe à 46 % chez les répondants québécois.

Cette différence de perception entre les Québécois et les habitants du reste du Canada «résonne avec le traitement que nous accordons aux vedettes», croit Line Grenier, spécialiste de la culture populaire au département de communication de l'Université de Montréal. «Au Québec, la presse artistique s'intéresse moins aux scandales, elle est moins portée à attaquer les vedettes. Même les magazines les plus friands de potins proposent une vision romantique de la célébrité. Beaucoup de vedettes reconnaissent d'ailleurs que c'est plus facile de vivre une vie normale au Québec qu'ailleurs. Ici, le fait de s'acharner dans ce qui est perçu comme la vie privée d'une personne, ça ne passe tout simplement pas», note la chercheuse.

Jaideep Mukerji, vice-président d'Angus Reid Strategies, partage en partie cette opinion: «Bien que la musique de Michael Jackson ait connu un succès énorme partout au Canada, y compris au Québec, la couverture médiatique des allégations portées contre lui a peut-être reçu moins d'attention ici. Le Québec a sa propre industrie de potins de vedettes. Quoiqu'on entende, bien sûr, parler de Michael Jackson et de Brad Pitt, ce n'est pas avec le même degré d'intensité ou la même envergure que dans les médias américains», avance-t-il.

Les résultats du sondage proviennent d'un questionnaire en ligne rempli par 1003 adultes choisis au hasard parmi un groupe de répondants réguliers d'Angus Reid, les 2 et 3 juillet. La marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.