Le trompettiste Wallace Roney dans le rôle de Miles Davis. Le saxophoniste ténor Javon Jackson dans le rôle de John Coltrane. Le saxophoniste alto Vincent Herring dans le rôle de Julian «Cannonball» Adderley. Le contrebassiste John Webber dans le rôle de Paul Chambers.

Le pianiste Larry Willis dans les rôles de Wynton Kelly et Bill Evans. Le batteur Jimmy Cobb dans le rôle de Jimmy Cobb. Les notes bleues ont nappé hier le théâtre Jean-Duceppe, rempli à pleine capacité. On y commémorait le 50e anniversaire de Kind of Blue.

Album indémodable s'il en est, toujours frais lorsqu'on le remet dans le lecteur. Et lorsqu'on en écoute une version interprétée en chair et en os. Même après des milliers d'écoutes, des millions de jazzophiles ou simples amateurs de musique le découvrent ou le redécouvrent. Instigateur du concert, l'octogénaire Jimmy Cobb est certes le moins aguerri et le plus âgé des musiciens qu'il a lui-même recrutés. Mais le vétéran se démène, commande des tempos un peu plus rapides que ceux de l'enregistrement originel.

C'est tangible sur So What. Ça l'est sur Freddie Freeloader, et ça permet à Larry Willis d'offrir des improvisations plus ferventes que sur le fameux disque. Les vents, eux, s'expriment généralement dans l'esprit de Kind of Blue, mais cette sonorité collective diffère du cadre élégant et feutré du disque. Plus virile sur scène, peut-être moins subtile dans la facture.

Le plus proche de cette esthétique est certes Wallace Roney, dont la sonorité avait déjà frappé Miles, tant elle était voisine de la sienne. Il n'est sans doute pas là par hasard! Roney n'a certes pas le génie de son mentor, mais ce virtuose a beaucoup à donner dans ce contexte. Idem pour ses collègues qui s'appliqueront à interpréter le reste du répertoire...

Une manière de bleu...