La star franco-algérienne du raï Cheb Mami, 42 ans, a été condamnée à 5 ans de prison ferme vendredi en France pour tentative d'avortement forcé sur son ex-compagne en 2005.

Ecroué depuis son retour en France lundi, à la prison de la Santé à Paris, après deux ans de fuite en Algérie, Cheb Mami, de son vrai nom Mohamed Khelifati, reste en prison, les juges ayant décidé son maintien en détention.

Cette peine est moins sévère que les sept ans requis la veille par la procureure et en dessous de la peine maximale - dix ans - encourue.

Son ex-manager Michel Lecorre (Michel Lévy), qualifié d'«organisateur et instigateur» de ces actes de violences par le tribunal correctionnel de Bobigny, au nord de Paris, a écopé de 4 ans de prison. Les juges ont lancé un mandat de détention contre lui.

Vêtu d'une chemisette blanche, le chanteur est resté le visage fermé après l'énoncé du jugement. Il a ensuite été emmené sous escorte policière.

La veille Cheb Mami avait reconnu sa responsabilité mais avait soutenu avoir été «piégé» par son ex-gérant.

Hicham Lazaar, homme de confiance de Michel Lévy et Abdelkader Lallali, soupçonné d'être l'homme de main de Cheb Mami, ont été condamnés par contumace à respectivement à trois ans et six ans de prison. Présentés par le procureur comme des «exécutants», les juges ont lancé des mandats d'arrêt contre eux.

Hicham Lazaar réside en France et Adelkader Lallali en Algérie.

Les parties ont dix jours pour faire appel de ces décisions.

«Nous allons y réfléchir», a réagi maître Claire Doubliez, l'un des conseils du chanteur. D'après elle, «Cheb Mami a accueilli son emprisonnement avec «soulagement parce que tout ça est fini mais aussi avec angoisse parce qu'il va devoir passer 5 ans en prison».

Jeudi, l'artiste avait demandé pardon à la victime. «Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui demande pardon, je regrette», avait-il lancé après les plaidoiries de ses conseils.

S'il avait reconnu sa responsabilité, Cheb Mami avait néanmoins soutenu avoir été «piégé» par son manager qui, selon lui, a suggéré le scénario de l'avortement forcé, sous le couvert d'un voyage professionnel en Algérie pour la victime, photographe de presse de 43 ans.

«Ma cliente est soulagée de voir qu'à travers ces peines d'emprisonnement, le tribunal a compris les violences qu'elle a vécues», a réagi maître Marie Dosé, le conseil de la victime, identifiée uniquement comme Camille à sa demande.

Il était notamment reproché à Cheb Mami des «violences» avec des circonstances aggravantes en 2005 à l'encontre de la photographe attitrée de Michel Lévy, avec laquelle il entretenait une liaison.

En août 2005, Camille a fait l'objet d'une tentative d'avortement forcée dans une villa du chanteur à Alger qui ne désirait pas cette grossesse. La tentative n'a pas abouti malgré d'abondantes hémorragies et la victime a finalement donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de trois ans.

Vendredi Camille était absente lors du jugement «parce qu'elle voulait être avec sa fille», laquelle dit espérer qu'elle «pourra pardonner à son père», a expliqué son conseil.