Gregory Charles repart à la conquête du marché anglais. Et cette fois, c'est sérieux, même si le coup d'envoi de cette deuxième tentative se fera dans le cadre du festival Just for laughs.

Pendant trois soirs, les 23, 24 et 25 juillet dans la nouvelle salle Astral de la Maison du jazz, Gregory Charles tentera de séduire les producteurs de Broadway, d'Hollywood et du reste du monde, et de les convaincre qu'il pourrait devenir la prochaine grande star du showbizz planétaire.

Intitulé One night stand et faisant plus référence à une relation consommée le premier soir qu'à une aventure sans lendemain, le spectacle sera un amalgame de ses performances en français, mais avec des ajouts et modifications faits en fonction du public anglophone.

«Je pense sincèrement qu'on est prêt pour le marché anglais et qu'on a quelque chose d'unique à leur offrir» a lancé Gregory Charles hier midi, lors d'une conférence de presse intime où il est arrivé avec une heure de retard en raison de ses mille et une obligations et d'un horaire qui est devenu un effroyable casse-tête pour sa petite équipe.

Qu'à cela ne tienne. Même si le temps est une denrée rare dans la vie de Gregory Charles, celui-ci est déterminé à conquérir le monde anglophone et cela en dépit d'une première tentative qui a plus ou moins échoué il y a cinq ans. En novembre 2004, Gregory avait en effet présenté Black and White, la version anglaise de Noir et Blanc au Beacon Theater de New York pendant trois soirs.

Cette brève incursion, coproduite avec le Groupe Spectacles Gillet, devait en principe lui ouvrir les portes du marché américain ou celles d'une grande salle de Las Vegas. Mais l'aventure fut sans lendemain, notamment en raison de la chute que le chanteur, danseur, pianiste et encyclopédie musicale vivante, fit quelques mois plus tard au Centre Bell, mais aussi des changements de direction du Groupe Spectacles Gillet et du départ de son allié Aldo Giampaolo.

Cette fois-ci, Gregory Charles repart à neuf avec l'équipe expérimentée de Gilbert Rozon et de Bruce Hills, le directeur de Just pour laughs, qui croit que le moment n'a jamais été aussi opportun. «Nous espérons faire avec Gregory Charles ce que nous avons fait avec Arturo, Slava ou des spectacles comme Tap Dogs ou Stomp, qui ont tous été lancés à notre festival avant de faire le tour du monde.» Une fois de plus cette année, le directeur de Just for laughs compte sur la présence d'environ 600 personnes de l'industrie du divertissement qui seront à Montréal dans l'unique but de découvrir la prochaine grande star internationale.

Reste qu'avec une florissante carrière en français, qui le mènera pendant deux mois au mythique Théâtre Déjazet de Paris l'automne prochain, avec des ventes de CD qui ont atteint le demi million en 2006 et des ventes de billets qui ont dépassé le million, on peut se demander pourquoi Gregory a besoin de faire carrière en anglais. Réponse ? «Parce qu'avec mon énergie, vient un appétit insatiable qui veut toujours plus.»

Mais encore. «Ultimement, ce que je cherche, poursuit Gregory, c'est de montrer au monde entier ce qu'on fait ici au Québec. Il n'y a pas un seul autre endroit au monde où un gars comme moi aurait pu devenir ce que je suis devenu. Je veux dire, je suis le produit d'un mariage mixte et d'une intégration raciale, linguistique et ethnique qui n'aurait pas été possible ailleurs qu'ici. L'autre soir, Stevie Wonder m'a rappelé qu'il avait déjà chanté dans un motel miteux de Montréal, mais que cette ville où les Noirs avaient le droit d'aller dans les mêmes toilettes que les Blancs alors que c'était mal vu ailleurs, l'avait déjà à l'époque vivement impressionné.»

En février dernier, Gregory Charles a eu 41 ans. À ses yeux, ce n'est pas trop vieux pour entamer un nouveau départ. Au contraire. C'est l'âge idéal pour devenir un grand acteur comme Denzel Washington ou un grand président comme Barack Obama. Et qui sait si la popularité du premier président noir américain ne finira pas par déteindre sur le «new» Gregory Charles.