Celui qu'on appelait Little Stevie à ses débuts a montré son grand coeur hier. Qui trop embrasse mal étreint, dit l'adage: en donnant presque plus d'importance à l'oeuvre de Michael Jackson (un hommage touchant et senti) qu'à ses propres compositions, en poussant la note bleue au milieu de sa performance qui avait tout de même un peu de mal à trouver sa vitesse de croisière, Wonder et son formidable orchestre ont fait un bien étrange cadeau au festival jubilaire et à ses spectateurs.

Ne nous y trompons pas: Wonder a créé l'événement en donnant un spectacle dont on se souviendra et qui, au final, nous a fourni plusieurs moments emballants. Un spectacle généreux: presque deux heures et demie, chansons de Jackson comprises (dont I Can't Help It qu'il a interprétée), mais si différent de celui qu'il nous avait offert au Centre Bell en 2007 que nous en venons à préférer l'avalanche de succès de la précédente visite aux escapades jazzées chez Miles Davis et Chick Corea.

Après une première moitié essentiellement constituée de chansons moins connues (Higher Ground, Knocks Me Off My Feet et Master Blaster s'y sont quand même glissées), puis le détour jazz, Wonder et son irréprochable orchestre ont enfin touché la manne de ce répertoire doré. Ça se voyait dans la foule, qui a reçu les Signed, Sealed, Delivered I'm Yours, Uptight (Everything's Allright) et Once in My Life comme des électrochocs. Ainsi, nous aurions volontiers échangé le disco-mix de Jackson, à la fin du spectacle, contre les versions complètes de Sir Duke, I Wish et Isn't She Lovely.

Il faut souligner que la Place des festivals n'est pas le meilleur endroit pour des manifestations de cette envergure. Reste à voir si l'organisation reverra ses plans pour les spectacles de Patrick Watson et le Grand Événement en hommage aux pionniers du rocksteady.