Les fans s'enthousiasment à l'idée de voir le ranch Neverland devenir un sanctuaire à la gloire de Michael Jackson, comme Graceland l'est devenu pour Elvis Presley, mais l'idée ne séduit pas tout le monde dans cette région aisée et vinicole de Californie.

Niché dans les collines de Los Olivos, à 150 km au nord de Los Angeles, le ranch de Neverland et ses 1 050 hectares a été pendant 17 ans l'épicentre du monde fantaisiste et excentrique du «roi de la pop», décédé brutalement le 25 juin.

Le corps de Michael Jackson sera transporté jeudi à Neverland -- ainsi baptisé en hommage à l'île de Peter Pan, l'éternel enfant -- pour y être exposé avant de recevoir des funérailles privées.

Cette décision de la famille apporte de l'eau au moulin de ceux qui verraient bien Neverland devenir un musée Jackson, voire sa dernière demeure.

Cela ne déplairait pas à Rebecca Player, une femme au foyer de 50 ans qui vit dans le village de Los Olivos, à 8 km du ranch.

«Ce serait un hommage à ce personnage important», a déclaré Mme Player à l'AFP, sans être inquiète à l'idée que cette région paisible et aisée, semée de petits vignobles et de villages pittoresques, se retrouve soudainement prise d'assaut par des admirateurs en pèlerinage.

«La région est déjà très fréquentée par les touristes», poursuit Mme Player, en se faisant prendre en photo avec sa mère et sa soeur devant le portail de Neverland.

Les hordes de fans font désormais partie intégrante de Graceland, la maison d'Elvis Presley à Memphis, Tennessee (sud), transformée en musée et en sanctuaire dédié au «King».

Mais la question de savoir si Neverland pourrait légalement devenir un nouveau Graceland reste pour l'instant sans réponse.

«Nous sommes en train d'étudier tous les aspects légaux», a déclaré à l'AFP William Boyer, porte-parole du comté de Santa Barbara, dont dépend Los Olivos, précisant que lundi, le comté n'avait reçu «aucune demande officielle».

Bien que Michael Jackson ait abandonné Neverland après son acquittement général au terme d'un procès pour attouchements sexuels sur mineur et l'ait vidé de son délirant contenu (zoo, parc d'attractions, statues de super-héros), le ranch n'a jamais cessé de faire la une de la presse.

Devant le portail, les fans de la pop star ont déposé depuis sa mort fleurs, ours en peluche, bougies, lettres manuscrites et ballons multicolores. On y trouvait aussi un chausson de danse usé portant l'inscription: «Je t'aime. si je danse, c'est grâce à toi. Alyssa Salvese».

Alana Johnson, une serveuse de 22 ans d'un restaurant de la rue principale de Los Olivos, s'enthousiasme à l'idée de voir Neverland ouvert au public. «Ce serait génial. Moi je vis ici et je n'y suis jamais entrée», dit-elle.

«Ce serait bon pour les affaires», ajoute-t-elle.

Mais à quelques mètres de là, dans une boutique de dégustation de vins, on ne partage pas cet avis.

«Cela pourrait peut-être attirer un genre de public qui n'est pas celui que nous recherchons», estime Patricia Sherridan, 45 ans, gérante de l'établissement. «D'ailleurs, nous n'avons pas de nouveaux clients (depuis la mort de Jackson). Ils n'entrent que pour demander le chemin de Neverland», ajoute-t-elle.

Dans le village voisin de Solvang, fondé par des Danois au début du siècle dernier, devenu une attraction touristique pour son architecture et ses pâtisseries d'inspiration danoise, le patron d'une galerie d'art minimise l'impact d'un éventuel sanctuaire à Neverland.

«Je ne pense pas que cela fasse une grande différence», affirme Donald Jameson, 56 ans.

La majorité des habitants de la zone sont surtout dans l'expectative. «Pour l'instant, on ne sait pas ce qui va se passer à Neverland», déclare Roger Wisted, le propriétaire des caves Blackjack, dans lesquelles avaient été tournées en 2004 des scènes du film Sideways du réalisateur Alexander Payne.