Cali est l'auteur de 1000 coeurs debout, thème de la dernière version de Star Académie. Peu connu au Québec, qu'il courtise pourtant depuis L'amour parfait, son premier album, le chanteur de Perpignan est une grande star en France. Et une figure publique qui dérange.

Avant que sa chanson 1000 coeurs debout ne soit choisie comme thème de Star Académie, Cali n'était connu que de la frange de la population québécoise qui s'intéresse à la chanson française. Or, en France, il a vendu plus d'un million de disques en cinq ans et attire des milliers de spectateurs à chaque concert. Artiste fort en gueule qui ne supporte pas les demi-mesures, c'est un romantique baveux et une bête qui, sur scène, se défonce du premier au dernier morceau. Comme il a des opinions et qu'il ne les garde pas pour lui, il irrite aussi pas mal de gens en France: la droite lui reproche d'être de gauche et la gauche... d'être un cliché de gauche.

Q Quel est le concept de Nu, spectacle que vous venez présenter au Québec?

R L'idée était de jouer des chansons qui n'avaient peut-être pas leur place dans les festivals avec des milliers de personnes. On a déshabillé les chansons et on les a rhabillées. Ce sera un spectacle d'autant plus acoustique au Québec qu'on ne peut pas emporter la quincaillerie électronique qu'on utilise en France. Alors ce sera piano, voix, cuivres. Très peu de guitare.

Q Vous ne démarrez pas vos concerts en douceur, mais optez pour y aller à fond dès la première chanson. Pourquoi?

R Le match est en 15 rounds, mais il faut le gagner dès le premier. J'aime bien l'idée de dire à mes musiciens qu'on est déjà au 10e morceau quand on entre en scène, j'aime bien cette folie dès le départ parce que ça nous permet de surprendre. Il n'y a rien de tel pour entrer dans un concert que de tout donner dès le début. En plus, ça met une belle pression: si on met la barre haut dès le début, il faut tenir jusqu'au bout.

Q Vous êtes un chanteur qui dérange et sur lequel on a parfois tiré à boulets rouges...

R C'est très violent, mais en même temps, ma petite carrière n'est rien à côté des enfants ou des vieillards qu'on va chercher dans les écoles ou les hôpitaux pour les chasser de notre pays, qui a d'abord été celui des Droits de l'homme et qui ne l'est plus. Tout ça, je dois le dénoncer, quoi qu'il arrive. Quand j'arriverai à la fin de ma vie, j'ai envie de ne pas regretter d'avoir eu un micro. Par respect pour ceux qui n'en ont pas, de micro, il faut le dire, nous, les chanteurs et les acteurs qui passent à la télé. (...) Il y a énormément de gens qui me critiquent, mais aussi énormément de gens qui viennent me taper sur l'épaule pour me dire merci.

Q Vous avez fait vos débuts dans Magique, un film tourné au Québec qui a été sévèrement critiqué. Est-ce que ça vous enlève l'envie de faire du cinéma?

R Non! J'ai vécu deux mois de tournage magnifiques dans les Laurentides, j'ai pris un plaisir fou. (...) L'important, c'est d'être heureux quand on le fait. Et puis je suis super fier parce que, en France, j'ai reçu le Gérard du désespoir masculin, c'est-à-dire le prix du pire acteur de l'année: c'est mon premier film et mon trophée! Je ne peux que m'améliorer...

Q Pourquoi vouloir tout faire?

R C'est que je suis curieux et admiratif de gens qui, comme Patti Smith par exemple, transforment leur vie en oeuvre d'art: elle prend des photos, écrit des poèmes, tourne des vidéos, fait des concerts... Je crois même que c'est réducteur de ne voir les chanteurs que dans leur rôle de chanteur. Tout se mélange et tout peut se recouper.

Cali, en spectacle au Métropolis, le 20 juin, 20h.

Photo Éric Vernazobres

«Il y a énormément de gens qui me critiquent, mais aussi énormément de gens qui viennent me taper sur l'épaule pour me dire merci», affirme le chanteur français Cali, auteur de 1000 coeurs debout, thème de la dernière version de Star Académie au Québec.