De l'Angleterre à l'Australie, en passant par Baltimore et Toronto, la marque Virgin Festival est associée au mouvement «indie» rock et à la pop en marge des radios FM. Pas ici. La multinationale du festival rock a concocté pour Montréal son affiche la plus pop jamais vue.

Plus tôt ce printemps, quand la rumeur d'une version montréalaise du Virgin Festival s'est mise à courir, on a tout de suite pensé qu'il allait livrer une rude concurrence à Osheaga. Réflexe tout à fait légitime puisque la pérennité de l'événement mis sur pied par le Groupe Spectacles Gillett (GEG) est un constant sujet de spéculation et que les deux festivals puisent généralement dans le même bassin d'artistes. Le face-à-face n'aura toutefois pas lieu.

À Montréal, le festival Virgin, qui se tient les 19 et 20 juin, a opté pour des têtes d'affiche très pop, souvent dansantes: Black Eyed Peas, Akon, New Kids On the Block et Simple Plan. Un choix qui étonne, au premier abord, mais qui s'explique facilement. Virgin possède une station de radio à Montréal, Virgin Radio 96 (anciennement Mix 96). Une antenne pop (et un formidable véhicule publicitaire). Ensuite, pour organiser un événement au parc Jean-Drapeau, il faut transiger avec GEG, puisque cette entreprise dispose d'un contrat d'exclusivité pour exploiter le parc.

Avec des invités de marque comme ceux choisis, le festival de Virgin a peu de chance de se planter. Des quatre têtes d'affiche, seul Akon n'a jamais rempli le Centre Bell à lui seul (il s'y est produit avec Rihanna et Gwen Stefani, notamment). Le potentiel est là pour la billetterie. New Kids On the Block et Simple Plan se sont déjà produits à Montréal cette année, c'est vrai, mais pas Black Eyed Peas, qui vient tout juste de faire publier un album au titre prometteur pour les danseurs: The E.N.D. - The Energy Never Dies.

Que dire du reste de la programmation? Qu'elle est pour le moins éclatée. Qu'elle manque de profondeur. David Usher et Live mis à part, les artistes sélectionnés sont presque tous des débutants. Avantage: plusieurs d'entre eux ont un ou deux tubes radio à leur actif. Désavantage: dans ce genre de pop, ce sont souvent les seules chansons que les gens veulent entendre. D'un point de vue comptable, le festival Virgin tient la route. Transformer le parc Jean-Drapeau en piste de danse constitue un tout autre défi.

Coup d'oeil sur le programme

Simple Plan se passe de présentation. Même chose pour Black Eyed Peas, Akon, The New Kids On the Block et, peut-être, David Usher, l'ancien leader de Moist. Ce n'est toutefois pas le cas de la plupart des invités de Virgin. Radiographie partielle d'une équation à plusieurs (presque) inconnus.

La filière Canadian Idol

L'impact de Canadian Idol sur la musique au Canada anglais n'a pas été aussi important que celui de Star Académie au Québec. Trois des huit artistes qui se produiront vendredi au festival Virgin sont pourtant d'anciens concurrents de l'émission: Eva Avila (Give Me the Music), le chanteur du groupe Hedley (Never Too Late) et Carly Rae Jepsen (Tug of War, Bucket). Trois artistes formatés pour les ondes FM, dont on se demande comment ils parviendront à transposer leurs chansons léchées et soigneusement réalisées sur scène. (Vendredi)

Live

Les fans de Jesse McCartney avaient encore la couche aux fesses quand, au milieu des années 90, Live était au sommet de sa carrière. S'inspirant du rock charismatique à la U2, le groupe originaire de la Pennsylvanie a imposé son rock idéaliste, empathique et assez musclé à la faveur de plusieurs tubes «modern rock», tous tirés de son album Throwing Copper (1994): Selling the Drama, I Alone, All Over You et, surtout, Lightning Crashes. Live a cependant eu du mal à maintenir ce niveau et, après The Distance to Here (marquée par la chanson Dolphin's Cry), a vu ses ventes fondre. Ed Kowalczyk et sa bande tournent encore, mais n'ont plus l'envergure pour se produire dans des arénas. Pour les nostalgiques. (Samedi)

Lights

Valerie Poxleitner, la jeune Ontarienne qui se cache derrière le pseudonyme Lights, est la seule artiste invitée au festival Virgin qu'on imaginerait se produire à Osheaga. Sa voix gamine et sa propension à faire joli ne détonneraient pas sur l'une des petites scènes cachées dans les arbres. Son affection pour les sons de claviers des années 80 trouverait par ailleurs grâce parmi la faune branchée. Sur sa page MySpace, Lights décrit son univers sonore comme celui d'une «brebis nerveuse, chevauchant une fusée pour apporter une marguerite à un loup en talons aiguille qui attend, esseulé, sur la lune». Du rêve, du romantisme et de la fébrilité. (Samedi)

Divine Brown

On peut voir Divine Brown comme une soul diva made in Canada. Diva en devenir, puisqu'elle est loin de rayonner autant qu'une Alicia Keys. Aussi invitée au Festival international de jazz de Montréal cet été, la Torontoise est une véritable touche-à-tout de la soul et du R&B, dont elle exploite les facettes: ludique (Bebe), rock (Meet Me At the Roxy), romantique (Next Big Thing). Sa chanson Sunglasses contient un clin d'oeil évident à Sunglasses At Night de Corey Hart. Divine Brown possède une voix superbe, un registre d'une étendue rare et a du bagout. L'une des prestations à ne pas manquer. (Samedi)