La nomination, il y a un peu plus d'un an, de Raffi Armenian comme directeur du Conservatoire de musique de Montréal n'est certainement pas étrangère au retour du programme qui, sous le nom d'Orchestre-réseau, rassembla annuellement, de 1985 à 1996, et la plupart du temps sous sa direction, une centaine des meilleurs élèves des sept institutions du Conservatoire pour une tournée de concerts et un enregistrement.

L'exercice 2009 était limité à trois concerts dont celui de Montréal, samedi soir, attira moins d'une demi-salle à Wilfrid-Pelletier: 750 personnes. On comptait ce soir-là un nombre record de huit concerts, ce qui peut expliquer la faible assistance. Pourtant, il y a lieu de se réjouir. D'accord, ce public n'ayant pas l'habitude du concert a applaudi après chaque mouvement de la septième Symphonie de Bruckner. Réaction agaçante, cela est vrai. Mais il a écouté avec la plus grande ferveur cette heure complète de musique difficile et nouvelle pour lui et, comme son enthousiasme l'indique, il y reviendra certainement. L'Orchestre-réseau aura donc joué un rôle social autant que pédagogique.

 

Raffi Armenian, Viennois de formation pour qui Bruckner est une sorte de seconde nature, a communiqué à ses jeunes l'affection qu'il éprouve pour cette musique et le sens de la grande respiration brucknérienne (totalement absente de la récente lecture de Nagano). Je dirais même qu'il les a initiés à cet univers très noble, aux antipodes de toutes ces zéziques qui envahissent quotidiennement leurs oreilles comme celles de nous tous.

Ces jeunes ont joué Bruckner avec toute la concentration et tout le respect souhaités. La qualité des cordes est à signaler - leur substance, leur justesse - et les premiers-violons ont chanté la grande mélodie de l'Adagio comme ceux d'un orchestre professionnel. Presque pas de faiblesses chez les cuivres, y compris chez les quatre tubas wagnériens, rétablissement du controversé coup de cymbales dans l'Adagio, vigueur inhabituelle du Scherzo.

Le fameux Boléro de Ravel ouvrait le concert. Dans ses notes, Armenian annonce qu'il sera joué «dans son intégralité». Comme s'il était possible d'offrir des «extraits» du Boléro! En tout cas, il le fait assez vite, en 14 minutes, et n'y prend pas un plaisir évident. Mais la partition donne la parole à nombre de premiers-pupitres qui, presque tous, sont à la hauteur.

De la «création» qui suivait, un seul élément à retenir: le talent d'orchestrateur de Gilles Bellemare. Je n'ai pas compris grand-chose à la petite pièce de théâtre que sa musique accompagne et qui réunissait sept étudiantes du Conservatoire d'art dramatique de Québec et un étudiant de celui de Montréal.

ORCHESTRE-RÉSEAU DU CONSERVATOIRE. Chef d'orchestre: Raffi Armenian. Samedi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Programme: Boléro (1928) - Ravel ...et au milieu coule la rivière, texte: Marie-Josée Bastien, musique: Gilles Bellemare (2009) (création) Symphonie no 7, en mi majeur (1881-83) - Bruckner (édition Leopold Nowak, 1954)