Après six ans d'absence sur disque, le pianiste grec Yanni effectue un grand retour avec Voices, un album où il superpose les voix de quatre jeunes interprètes à ses compositions. Cette proposition se trouve également au coeur de sa présente tournée, où les prestations de son orchestre s'accompagnent d'effets visuels recherchés. Le Soleil a joint le musicien à New York jeudi, où il s'apprêtait à monter sur les planches du mythique Radio City Music Hall.

Q Qu'est-ce que cela vous fait de revenir dans l'oeil du public après quatre ans passés loin de la scène?

 

R C'est merveilleux! J'adore ce que je vis présentement. C'est vrai que j'ai été parti longtemps, mais je n'ai jamais cessé de travailler dans mon studio. Cela dit, j'ai aussi pris un peu de temps pour moi, mais je ne suis pas très doué pour la relaxation!

Q Lorsque vous voulez décrocher de la musique, que faites-vous?

R Quand je fais une pause, je m'en vais dans le sud de la France ou en Grèce, qui sont des endroits que j'adore. J'enfile un t-shirt, un short et voilà tout! Je n'ai besoin de rien d'autre pour relaxer.

Q Avec votre nouvel album, Voices, vous avez fait le pari d'accoler de jeunes voix à votre musique. D'où vous est venue cette idée?

R Il y a trois ans, j'ai rencontré le meilleur réalisateur au monde, Ric Wake (Céline Dion, Mariah Carey). Nous étions tous les deux en pause et avons passé du temps ensemble. À un moment donné, on s'est dit que ce serait intéressant de faire de la musique ensemble, d'entrer en studio pour le plaisir, sans pression, d'écrire une chanson. C'est comme ça que tout a commencé. Et puis Ric, qui a accès à un bassin de talents de niveau mondial, a eu l'idée d'inviter des chanteurs. Comme je voulais apporter un élément de nouveauté dans ma musique, j'ai acquiescé. La première personne qu'il m'a présentée, c'est Nathan Pacheco, un ténor. Pendant les séances d'enregistrement, Nathan m'a jeté à terre. Il est tellement talentueux et il est encore si jeune!

Pendant les concerts, il reçoit régulièrement des ovations. J'adore ça! Je me sens comme un fier papa! C'est magnifique à voir. Puis est arrivée Chloé, qui a cette grosse voix capable d'interpréter n'importe quoi. Elle est vraiment branchée sur son art. Elle chante avec passion et émotion. De son côté, Leslie Mills est complètement différente. Elle a une voix fragile, voilée... C'était important pour moi que toutes ces voix soient distinctes et qu'elles ne se recoupent pas. Nous avons complété notre quatuor avec Ender Thomas. Ça faisait longtemps que je voulais une voix latino un peu râpeuse, un peu rock'n'roll et très polyvalente. Quelque chose d'un peu exotique. Ender possède tout ça.

Q Et il y a votre fidèle orchestre...

R Je n'ai pas peur de le dire: mes musiciens font partie des meilleurs au monde! Chaque fois que je fais cette affirmation, les gens me prennent à la légère. Mais quand ils ont finalement la chance de voir ces musiciens s'exécuter, ils comprennent. Cet orchestre est extrêmement compétent. Pour un compositeur, c'est un rêve. Il m'offre une telle palette de possibilités!

Q Votre tournée actuelle ne se limite pas à la musique. Vous êtes réputé pour vos concerts à grand déploiement...

R C'est vrai. Et je dois dire que notre production actuelle est la plus ambitieuse que nous n'ayons jamais entreprise. Ne serait-ce que pour ses effets visuels, ses éclairages, ses costumes... Mais je ne veux pas en dire trop. Je tiens à garder l'effet de surprise. J'aime que le spectacle soit imprévisible. J'aime être le conducteur qui amène les spectateurs en voyage.

Q Cette capacité à transporter votre public, c'est quelque chose que vous manifestez entre autres dans vos nombreuses émissions spéciales télévisées dans des réseaux américains comme PBS...

R Je suis très fier de ce que j'ai accompli à ce chapitre. Tout ce que je cherche à faire, c'est dire la vérité. Je travaille fort sur ces émissions, j'y mets de l'émotion, de la passion. Je m'implique dans tout: dans le cadrage, dans la direction artistique, dans les performances. Je suis à la fois le général et le concierge. Et je fais tout cela par plaisir! J'adore la photographie et le cinéma. J'adore le processus de création. En même temps, j'essaie toujours de ne pas trop intervenir dans le travail des autres. Je les laisse apporter leur eau au moulin...

Q Lorsque vous vous produisez dans un pays étranger, où l'on ne parle pas votre langue, comme ce sera le cas ici au Québec, cela change-t-il votre façon d'être sur scène?

R Il m'est arrivé d'être très nerveux à ce sujet lorsque je donnais des concerts exclusivement instrumentaux. Mais ça ne m'inquiète plus parce que j'ai réalisé que la musique est un médium qui sait communiquer l'émotion. Le fondement de la musique n'est pas circonstanciel, il est émotif. Et ça, ça transcende les cultures. La musique est un langage universel.

Yanni, en spectacle ce soir, 20h, au Centre Bell.