«I'm still the biggest midget in the game», lance la Britannique Louise Harman, alias Lady Sovereign, qui présente, ce soir au Club Soda, les chansons de Jigsaw, son nouvel album.

Lady Sovereign a fait beaucoup de bruit en 2006 lorsqu'elle a lancé, sur un label américain, son premier minialbum intitulé Vertically Challenged.

 

Du haut de ses cinq pieds un pouce, la Londonienne d'origine s'était rapidement taillé un nom sur la scène grime -la version british du hip-hop, avec des rythmiques généralement plus rapides et saccadées. Une bonne voix, une attitude cinglante, des textes qui tranchent, la petite Sovereign avait du chien et une poignée de chansons qui ont enflammé la blogosphère comme les planchers de danse: Random, 9 to 5, Fiddle With the Volume, Ch Ching...

Or, si la jeune demoiselle profitait d'un succès d'estime chez elle, c'est en Amérique du Nord que son aventure -plutôt cahoteuse- a démarré. «Je sais, c'est tellement bizarre, dit-elle, au bout du fil. À Montréal, ça s'est toujours bien passé, les fans ont toujours été au rendez-vous.»

Le fameux label hip-hop américain Def Jam l'a mise sous contrat, recrutée par le patron Jay-Z en personne. Louise Harman, originaire d'un quartier ouvrier du nord-ouest de Londres, vivait son American Dream... jusqu'à ce que tout s'écroule. Dépression, arguait-elle. Des concerts annulés, des crises de vedette piquées au nez de ses fans.

Elle a lancé sa tournée nord-américaine à Toronto (après un saut à Austin, au festival South by South West). Montréal sera sa deuxième escale. À nouveau, elle affronte ce public qui l'a vue tomber de haut. Ça va mieux, Lady? «Ouais, vraiment, dit-elle sur le ton de celle qui n'a pas trop envie de s'éterniser sur le sujet. Je t'assure, je me sens mieux. Je suis heureuse de pouvoir remonter sur scène.»

Larguée par Def Jam après la sortie de Public Warning, son premier album, Lady Sovereign lance ces jours-ci Jigsaw, sur sa propre étiquette, Midget Records (distribuée par EMI). Plutôt que de crier sa rage, de pester contre Def Jam et certains fans débiles, celle qui n'a pourtant pas la langue dans sa poche propose un disque léger, très dansant, inattendu. Le premier single, une accrocheuse chanson intitulée So Human, est construite sur l'instrumental de Close to Me de The Cure.

«Plus électronique, surtout, ce disque, réplique-t-elle. Il y en a un peu pour tous les goûts. Tu vois, je ne sentais ni l'envie ni le besoin d'aborder tout ça dans mes chansons. Parce que je ne veux pas mariner dans la dépression, la tristesse et tout ça. C'est simple, j'avais envie d'autre chose.»

Accueil tiède

Si l'album a reçu un accueil tiède, c'est parce qu'on espérait plus de mordant de la part de Lady Sov, mais aussi parce que pendant son absence de près de 18 mois de la scène musicale, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. M.I.A. a atteint un niveau de popularité inespéré, Santigold a fait sa marque, Lily Allen est devenue une incontournable star de la pop music. D'autres femmes au caractère bouillant occupent désormais l'espace médiatique et scénique.

Pas démontée, Lady Sovereign assure avoir la force de relancer sa carrière. Elle admire d'ailleurs le travail de ses consoeurs, les Britanniques surtout. «C'est comme si les hommes ne savaient plus faire de la bonne pop, ose-t-elle avancer. Pire, ils nous copient!»

Lady Sovereign, en concert au Club Soda, ce soir, 21h.