Un peu après minuit, dans la nuit de lundi à hier, le flamboyant groupe rock Ariel a été déclaré gagnant du 13e concours les Francouvertes. Il a eu le dessus sur l'auteur-compositeur-interprète Francis d'Octobre et, surtout, Mad'MoiZèle Giraf, autre formation énergique qui pouvait sérieusement aspirer aux grands honneurs.

Ariel a remporté le grand prix, une bourse de 10 000 $ remise par le commanditaire principal du concours, Sirius, en plus de mettre la main sur cinq autres, dont ceux du public, de la meilleure présence scénique et de la meilleure composition pour sa chanson Chargez.Ariel Coulombe, rockeur charismatique qui donne son nom au groupe, a beau s'être couché aux petites heures, il avait l'esprit clair lorsqu'il a passé un coup de fil à La Presse. Des relents d'adrénaline, sans doute. Il avoue avoir le sentiment du «devoir accompli», même si son groupe et lui ne s'étaient pas donné comme mission d'arriver premiers.

«Gagner ce concours-là, ce n'est pas une pression qu'on s'était mise sur les épaules. On s'était dit que de se rendre en demi-finale, c'était le minimum, et que de se rendre en finale, ce serait vraiment cool.» En tête du palmarès depuis son apparition aux préliminaires, Ariel a abordé la finale avec une certaine confiance, mais aussi pas mal de stress. «Du mauvais stress, signale Ariel. D'habitude, ce n'est pas vraiment notre genre, on arrive juste crinqués.»

Habitué des concours - il a fait le défunt Challenge live et les Francouvertes il y a quelques années avec son ancien groupe, Les Chimères - le rockeur dit avoir abordé celui-ci avec un état d'esprit différent. «Il était clair que c'était le dernier qu'on faisait, dit-il. On jugeait que c'était le concours le plus pertinent pour nous et on en avait marre d'être scrutés à la loupe, de ne pas avoir le temps d'installer notre univers. C'est quand même chiant, les concours...»

De tous les candidats vus depuis le mois de février, Ariel est celui qui s'imposait le plus naturellement. Le chanteur possède une voix puissante et étonnamment polyvalente et le groupe occupe la scène avec une assurance et un sens du spectacle qui a fait défaut à plusieurs autres concurrents. Ariel Coulombe est une bête de scène qui bouge comme Jagger, évoque Bowie et fait un peu penser à un Alice Cooper adolescent. «Ça me flatte, c'est sûr», admet-il, tout en ajoutant qu'aucun de ces artistes n'a eu une influence déterminante sur lui.

Hier soir, après une seule chanson, on se doutait bien que l'affaire était dans le sac pour Ariel. Surtout après la prestation énergique, mais un peu brouillonne de Mad'MoiZèle Giraf. Si musicalement, le groupe raggamuffin a livré la marchandise, les deux chanteurs semblaient parfois à bout de souffle. C'est un problème quand on porte des textes aussi chargés que les leurs. Mad'MoiZèle Giraf n'a quand même pas fait pâle figure et remporté trois prix, dont celui de la meilleure chanson pour Sub su'a job.

Francis d'Octobre, quant à lui, est reparti bredouille. Même scénario qu'au Festival international de la chanson de Granby il y a deux ans. Sauf qu'il se révélera peut-être l'artiste à qui les Francouvertes auront le plus bénéficié. Le chemin qu'il a parcouru depuis deux ans est immense. Même entre sa prestation lors des préliminaires et celle de la finale, il a gagné en confiance, en aisance et en impact. Ce n'est pas rien. Un concours, après tout, ce n'est pas une fin en soi, c'est d'abord une vitrine.