Au terme de sa tournée de quatre spectacles présentés à guichets fermés à Montréal, le chanteur français Charles Aznavour a reçu, samedi, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec.    

M. Aznavour s'est vu remettre des mains du premier ministre, Jean Charest, l'insigne d'officier de l'Ordre national du Québec, visiblement ému et entouré d'amis, de personnalités du monde culturel et d'élus québécois, au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Il est le premier chanteur à recevoir cette décoration.

«Je suis arrivé ici comme un «maudit Français,» mais très vite, je suis devenu presque un Québécois», a-t-il plaisanté.

«Chaque fois que je reviens, j'ai le sentiment que je rentre chez moi, je n'ai pas l'impression de venir à l'étranger. Et pourtant, on traverse une grande mare avant d'arriver jusqu'ici! Et on est «jet lag» (décalage horaire). Mais je ne suis pas «jet lag» du coeur», a souligné celui qui, comme il l'explique, est finalement devenu un peu Québécois avec le temps, puisque sa soeur et son fils ont tous deux épousé des Québécois.

Alors qu'il a entamé sa relation d'amitié avec le Québec à la fin des années 1940, c'est après 60 ans de carrière qu'elle a été soulignée.

«Votre nom est aujourd'hui légende. Vous êtes un artiste plus grand que nature et surtout un homme formi... formi... formidable», lui a lancé le premier ministre Charest, au terme de la lecture de sa biographie bien chargée.

Charles Aznavour a notamment été élu «artiste de variété du siècle», devant Elvis Presley et Bob Dylan, en 1988, par CNN et les lecteurs du Times Online de partout à travers le monde, a souligné M. Charest.

Il est né «Français par accident», de parents Arméniens qui séjournaient en France en attente d'un visa pour les Etats-Unis. Mais «qui sait, encore un peu plus près et vous auriez pu être Québécois», lui a lancé à la blague le premier ministre.

M. Aznavour a par ailleurs rappelé, lors de son discours de remerciements, qu'il avait d'abord connu sa première réussite à Montréal.

«Je tiens à vous remercier pour ce que vous m'apportez chaque fois. Car le premier grand succès que j'ai connu, cela s'est produit à Montréal. (...) Et merci d'avoir gardé, pour nous qui écrivons, aussi vivace la langue française dans votre pays», a conclu le chanteur.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a elle aussi noté l'important lien d'amitié qui lie Charles Aznavour au Québec.

«Le fait qu'il soit venu ici il y a une soixantaine d'années pour commencer sa carrière et que les Québécois l'aient accueilli et lui aient donné ses premières chances, je pense que c'est vraiment typique des Québécois, ce côté accueillant, généreux, ouvert. Et de lui donner l'Ordre national du Québec, je crois que cela allait de soi. Et maintenant, il fait encore davantage partie de notre grande famille», a-t-elle expliqué.

Le dernier séjour de Charles Aznavour au Québec, cette semaine, l'aura décidément consacré comme l'un des chanteurs français les plus aimés de la province. M. Aznavour s'est également vu décerner, lundi dernier, un doctorat honoris causa de l'Université de Montréal.

L'été dernier, Charles Aznavour, âgé de 85 ans, avait été fait officier de l'Ordre national du Canada, alors qu'il se trouvait au pays pour participer aux fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec. L'événement a été l'un des trois seuls concerts qu'il ait donné à l'extérieur au cours de sa carrière et plus de 100 000 personnes l'avaient alors applaudi.

En France, il a été élevé au rang de commandeur de la Légion d'honneur.