Le spectacle des quatre Écossais de Glasvegas était l'un des plus attendus du tout récent festival South by South West. Le groupe rock atmosphérique donnera son premier concert à Montréal ce soir, à La Tulipe.

Le bassiste Phil Donoghue parle avec enthousiasme du récent passage de son groupe au festival South by South West. «South by South West, c'est tout ce qu'un bon festival peut offrir: beaucoup de groupes, beaucoup de bière!»

«C'est notre première visite ici, enchaîne Donoghue. Nous devions participer l'année dernière, mais finalement, nous nous sommes enfermés en studio pour notre premier album.» Un album éponyme, enregistré à New York, paru en Grande-Bretagne en septembre dernier et fort bien accueilli. «La voix d'une génération!» ont même scandé certains observateurs britanniques. «Je pense que les médias américains sont un peu plus posés que chez nous, constate le bassiste. On a été chanceux, jusqu'ici, les gens en Amérique s'intéressent à ce qu'on fait.»

Glasgow, sombre muse

La genèse du groupe est au moins aussi intéressante que les critiques qu'il attire. Tout part de Glasgow, ville grise et morne s'il faut en croire les thèmes des chansons du groupe, fondé en 2003. «En réalité, je crois que notre musique a quelque chose de plus universel qu'on pourrait le croire, insiste le bassiste. Bien sûr, James chante avec cet accent particulier qui est celui de Glasgow. Notre ville nous inspire, mais je crois que les auditeurs de New York, Washington ou Toronto peuvent se retrouver dans les thèmes et le mood de nos chansons.»

Glasvegas s'imbibe de l'atmosphère pesante et mélancolique de la «capitale» écossaise. On pourrait même dire que la crise financière a trouvé sa trame sonore indie rock: le premier album éponyme du groupe est fait de chansons franches, livrées avec aplomb et une attachante résilience par le chanteur James Allan, appuyées par un mur de guitares qu'on a vite comparé au son de leurs compères écossais The Jesus and Mary Chains - comme quoi la scène musicale de Glasgow marine depuis longtemps dans le rock...

«Je n'ai pas de problème avec ça, les comparaisons avec The Jesus and Mary Chains, avoue Donoghue. En vérité, il n'y a que moi dans le groupe qui ait vraiment écouté leur musique - et je dirais même que je suis davantage inspiré par My Bloody Valentine que par eux. James [Allan], le chanteur, trippe pas mal sur Ultravox et Tears for Fears alors que son cousin Rab, à la guitare, écoute beaucoup de reggae...»

Avant même que la presse ne s'amourache du son hypnotique et assommant, mais mélodieux de Glasvegas, Alan McGee, fondateur du label Creation, a vanté les mérites du groupe, fin 2006. Glasvegas a alors vu sa popularité exploser. Le troisième single, Daddy's Gone, a ensuite consacré le quatuor avant même qu'il ait un album complet à offrir. Album qu'il enregistra finalement avec Sony à la suite d'une véritable enchère entre labels.

«C'est vrai qu'on a profité de la hype. Mais s'il y a de la pression sur Glasvegas, elle vient de nous-mêmes, elle vient de l'intérieur.» Sitôt leur réputation assise en Europe, ces musiciens viennent déjà courtiser le public nord-américain par une première grande tournée.

«Nos concerts sont juste un peu plus bruts, assourdissants et électriques que ce qu'on connaît de nous sur disque, prévient Donoghue.» Un concert que les foules texanes ont, paraît-il, beaucoup apprécié la semaine dernière.

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Glasvegas, ce soir à La Tulipe.