Un dernier hommage à Alain Bashung, disparu samedi dernier des suites d'un cancer du poumon, s'est déroulé vendredi en l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris, en présence de nombreuses personnalités mais aussi d'un millier d'anonymes, qui ont pu suivre la cérémonie à l'extérieur sur un écran géant.

De nombreux artistes ont participé à cet ultime hommage au chanteur parmi lesquels Jane Birkin, Laurent Voulzy, Alain Souchon, Françoise Hardy, Philippe Lavil, Yves Simon, Jean-Louis Aubert, Alain Chamfort et Bertrand Cantat - dans une rare apparition publique -, les acteurs Catherine Deneuve, Jean-Pierre Kalfon, Claude Rich et Patrick Bouchitey, mais aussi des proches comme le patron de l'Olympia Arnaud Delbarre ou Pascal Nègre, président d'Universal Music France et ancien directeur du label sur lequel était signé Bashung, Barclay.

Mort à l'âge de 61 ans, l'interprète de Gaby, Vertiges de l'amour, Osez Joséphine, Ma petite entreprise et La nuit je mens était l'un des artistes les plus appréciés de la profession, au style unique qui aura inspiré de nombreux chanteurs des générations suivantes.

Le père Benoît de Sinety a débuté son homélie en rappelant que le défunt a toujours souhaité «aller à l'essentiel. Ne rien dire d'inutile, ne rien chanter de futile, dire juste ce qu'il faut pour que l'évocation se fasse, pour que l'image, l'émotion surgisse dans le coeur de celui qui reçoit la parole, la mélodie».

Faisant une analogie avec l'épître de la Lettre de Saint-Paul aux chrétiens de Salonique, l'officiant a souligné le désir de recherche spirituel du défunt, «qui détestait le changement et faisait état de son besoin de s'ancrer. Il voulait aussi découvrir l'Inde», expliquant que «la mort était venue interrompre cet échange».

«Aller à l'essentiel. Dans un univers où le futile et l'inutile peuvent sembler parfois l'emporter, où l'on préfère le confort des petites phrases aux enjeux des vrais discours», a ajouté le religieux, notant le désir inassouvi de profondeur et de recherche cultivé par Bashung dans les dernières années de sa vie.

La cérémonie a symboliquement débuté quand la fille de Bashung, Poppée, a allumé les deux cierges figurant la Résurrection qui flanquaient le cercueil acajou surmonté d'une immense gerbe de fleurs blanches et d'entrelacs de lierre. On retrouvait ces mêmes ornements floraux dans les nombreuses gerbes disposées dans l'église, sur le catafalque et dans l'autel.

Après l'encensoir et la bénédiction, l'épouse du disparu, la chanteuse et actrice Chloé Mons, la voix vibrante d'émotion, est venue au pupitre pour un ultime hommage: «Alain, on est vendredi, jour de Vénus, c'est aussi le printemps. Comment trouver les mots, nous qui naviguions des heures durant dans le silence?... J'espère que sans toi, l'Univers ne va pas rétrécir», ajoutant qu'il lui avait appris «à voyager si loin, sans bouger».

«Tu m'as appris à ne pas me perdre dans les gesticulations inutiles et habituelles dans le monde du spectacle», a-t-elle poursuivi avant de conclure: «je t'aime tant, je t'aime tant...»

Tandis que chaque membre de l'assistance se rendait auprès du cercueil pour un dernier adieu «selon sa croyance», un disque égrenait les notes d'une version acoustique du standard du rock américain, Great Balls of Fire.

Alain Bashung devait être inhumé dans l'après-midi au cimetière parisien du Père-Lachaise.