Marie-Pierre Arthur a commencé à jouer de la basse pour la même raison que Paul McCartney: «personne ne voulait en jouer». Après avoir illuminé les spectacles de Stefie Shock, Mara Tremblay et Ariane Moffatt de sa présence magnétique, elle s'émancipe et propose son premier album. Le charme opère.

Une fille qui joue de la basse, ça n'a rien d'exceptionnel aux yeux de Marie-Pierre Arthur. Là d'où elle vient, tous les gars voulaient jouer de la guitare et faire des solos. «Chez nous, le monde qui jouait de la basse, c'est juste des filles», se rappelle la musicienne, qui a justement commencé à manipuler cet instrument à 8 ou 9 ans... après avoir vu une fille plus âgée qu'elle en jouer sur scène.

 

Le «chez nous» de Marie-Pierre Arthur, c'est Grande-Vallée, en Gaspésie. Un coin de pays baigné par la mer et la chanson québécoise. «Toute ma famille est impliquée dans le Festival en chanson de Petite-Vallée, dit-elle. Ma mère faisait le son des spectacles quand j'étais petite. Maintenant, c'est mon frère.»

C'est aussi en Gaspésie que, adolescente, elle a rencontré Louis-Jean Cormier (Karkwa). L'amitié dure encore. Elle a fait les choeurs sur plusieurs chansons du groupe (la voix féminine de Oublie pas, c'est elle) et Louis-Jean Cormier est l'un des coréalisateurs de son album éponyme avec François Lafontaine, un autre Karkwa. «Quand je l'écoute, j'entends beaucoup d'amour et d'amitié, estime-t-elle. On sent que tout le monde a envie de donner beaucoup d'amour pour que ce soit un beau disque.»

L'univers musical de Marie-Pierre Arthur ne se résume pas en un seul mot. Mais s'il fallait le circonscrire en un paragraphe, les termes «folk», «pop», «country» et «aérien» s'y glisseraient certainement. On croiserait aussi le mot «sensuel». Sauf qu'il ne faudrait pas en conclure que Marie-Pierre Arthur minaude pour gagner les auditeurs à sa cause.

Sa sensualité tient au fait qu'elle aborde ses chansons physiquement, en se fiant à son instinct. Son chant à la fois plaintif et léger vient de sa chair. Pensez à Cat Power, sans la dépression.

Ses mélodies vibrent, les arrangements respirent, les chansons vivent. Sans peser, même si le propos est rarement hop la vie. «Toutes ces tounes-là auraient pu être épurées, introverties. C'aurait pu sonner comme un album de peine d'amour, remarque-t-elle. Ça me tentait que ce soit plus joyeux, je voulais un album de char, que ça roule.»

Marie-Pierre Arthur trouve son bonheur dans la collaboration. «Ce qui me donne envie de faire de la musique, ce sont les gens avec qui j'en fais, dit-elle. S'il fallait que je sois toute seule, je ne ferais rien. Ce n'est pas ça que je veux vivre dans la vie, la solitude.» Elle parle des musiciens avec qui elle travaille, mais aussi de Gaële, qui cosigne ses textes (et qui a un fort bel album à elle, Cockpit).

«J'écris beaucoup, mais ça ne donne pas des chansons!» lance en riant la musicienne, qui se définit davantage comme une compositrice et une interprète. Ses mots, c'est donc Gaële qui les a mis en forme. Habilement, d'ailleurs. «Ça n'aurait pas été possible avec quelqu'un d'autre, je n'aurais pas été à l'aise», dit la chanteuse. Marie-Pierre Arthur juge que cette écriture à quatre mains a donné des chansons qui lui ressemblent et lui a permis de sortir son propre album. «Je ne me serais pas lancée toute seule, avoue-t-elle. Pas maintenant.»