Montréal/Nouvelles Musiques, le festival biennal lancé en 2003 par la Société de musique contemporaine du Québec, débutait jeudi soir dans une salle Pierre-Mercure presque comble. Il se déroulera quotidiennement jusqu'au 1er mars dans plusieurs salles.

Le programme de jeudi débutait par une longue prestation du quatuor de saxophones Quasar. Les spectateurs étaient accueillis dans le hall puis dans la salle par les musiciens (une femme et trois hommes) soufflant non pas dans leurs saxophones mais dans de longs tuyaux d'orgue. C'était Procession, de Jean-François Laporte, fameux pour ses instruments inventés. Les quatre se retrouvent bientôt sur scène où ils jouent en dirigeant le son dans le plancher ou bien forment deux couples, un tuyau pénétrant dans l'autre.

 

Tout cela est gros et enfantin. Quasar reprend bientôt ses saxophones et on s'en réjouit: ces musiciens sont des poètes autant que des virtuoses de leurs instruments. Levées, une création de Gilles Tremblay, révèle chez le compositeur septuagénaire un étonnant sens du renouvellement, et d'autant plus que c'est la première fois qu'il écrit pour le saxophone. Sa pièce fait ressortir la couleur de chacun des instruments (le soprano, le baryton, etc.) et lance les quatre dans une joyeuse fête rythmique.

Skelter, de Moritz Eggert, est un exercice minimaliste sans grand intérêt. Les quatre saxophonistes s'adjoignent ensuite huit choristes de VivaVoce et quatre clarinettistes pour le Canticum Novissimi Testamenti de Luciano Berio, pièce extrêmement prétentieuse créant l'impression que chanteurs et instrumentistes font tout simplement n'importe quoi. Et pourtant, on sait que ce n'est pas le cas!

Vient ensuite Le chêne et le roseau, qui a valu à Analia Llugdar le dernier prix Flandres-Québec. Véronique Lacroix rejoint sur scène la violoncelliste Mariève Bock mais demeure tournée vers l'auditoire car sa direction s'adresse aux huit flûtistes de l'Ensemble Alizé placés autour de la salle. Interminable introduction du violoncelle seul, puis violents sifflements des flûtes. Tout cela est très virtuose, mais on ne voit pas le rapport avec la fable bien connue.

Entracte. Ceux qui sont restés dans la salle sont témoins d'une petite colère du compositeur Michel Chion, mécontent de l'installation qui entoure la diffusion de sa musique concrète. Walter Boudreau accourt au micro et parvient à arracher un mince sourire au visiteur. J'écoute une dizaine de minutes de son Credo de 1992, en latin prononcé à la française, qui sonne déjà «ancien», et considère suffisantes ces trois heures (ou presque) de musiques nouvelles et... moins nouvelles.

Montréal/Nouvelles Musiques, concert d'ouverture jeudi soir, salle Pierre-Mercure.