Sur son 13e album, en magasin mardi, Terra Mia, la soprano colorature - et personnage coloré - Natalie Choquette délaisse la musique sacrée au profit des «chansons du peuple de la planète entière: des chansons d'amour délicieusement profanes en russe, portugais, chinois, espagnol, arabe, français, anglais, etc. que les Terriens aiment bien fredonner...

Ce Terra Mia, on pourrait aussi le baptiser «le voyage intérieur» tant la jolie cantatrice avait manifestement l'intention de parcourir vocalement une partie du monde avec les 16 chansons venues de l'Asie à l'Europe, de l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud: «Chaque fois que je fais une tournée en dehors du Canada, explique Natalie Choquette, je demande toujours quelle est la chanson la plus populaire dans tel ou tel pays, et mon grand trip à moi, c'est de l'apprendre pour la chanter pendant mon spectacle et, soudain, d'entendre la foule qui se met à chanter avec moi sa chanson, que je sois en Chine ou en Argentine! En plus, je suis fille de diplomates, j'ai beaucoup voyagé jeune, et mon âme est nécessairement remplie de langues différentes, de pays, d'amis de partout, de souvenirs d'ailleurs... Toutes les chansons de l'album évoquent pour moi mon enfance, certaines périodes de ma vie, certains spectacles...»

 

C'est ce qui explique le fil conducteur de cet étonnant carnet de voyages chanté, où se côtoient Parlez-moi d'amour (France), Danny Boy (Irlande), Sakura Sakura (Japon), Podmoskovnye Vechera (de Russie, mieux connue ici dans sa version française intitulée Le temps du muguet) ou le très beau fado Nem às paredes confesso... notamment! Car on y trouve aussi quelques chansons écrites expressément pour l'album, évoquant Haïti (en duo avec le musicien montréalo-haïtien Eddy Pierre) ou Cuba (avec la collaboration de sa fille Florence K), par exemple - sans compter des instruments comme l'oud, l'erhu, la harpe celtique ou péruvienne...

Six duos

C'est également un disque de duos, six des 16 morceaux étant chantés par Natalie Choquette et un invité: «Chaque duo a sa petite anecdote, explique la soprano. Par exemple, Reginella, que je chante avec Marco Calliari: jadis, dans ma tendre jeunesse, dit-elle en souriant, je me suis fait sérénader avec cette chanson par un bel Italien. J'ai voulu recréer cette rencontre agréable 30 ans plus tard. J'ai choisi Marco parce qu'il est capable de chanter le napolitain, mais surtout pour la joie de vivre dans sa voix.» Pour El Condor Pasa, elle chante avec les orphelins du Hoga Santa Maria de Miraflores, au Pérou, pour lequel elle fait régulièrement des concerts-bénéfice (une partie des profits de l'album sera d'ailleurs versée à l'orphelinat). Elle reprend la chanson folklorique Hirondelle messagère de mes amours (ou À toi belle hirondelle) avec l'excellent harpiste Robin Grenon.

Certaines de ces chansons figurent déjà dans le nouveau spectacle de Natalie Choquette, le... Diva World Tour In Québec! Oui, la diva Fettucini, créée par la soprano il y a une quinzaine d'années, reprend du service, cette fois en quête d'amour dans tous les pays, prétexte à chanter dans toutes les langues. Pour l'occasion, sa fille Éléonore (qu'on peut voir à l'émission La cour des grands et, sous peu, dans Décembre de Québec Issime) lui a concocté un numéro de pseudo-claquettes assez hilarant: «J'avais l'idée de faire ce disque et de ce spectacle de chansons internationales tout de suite après mon disque classique Aeterna (2004); mais les gens aimaient tellement Aeterna que cela est finalement devenu une trilogie. Seulement, après trois ans de musique sacrée, j'avais besoin d'autre chose. (...) Bien sûr, ce sont des musiques très, très différentes. Mais les enfants de diplomates ont tous la même caractéristique: ils cherchent leur identité. Moi, j'ai trouvé la mienne à 19 ans, à Montréal, quand j'ai commencé à chanter: mon identité, c'est la musique. Toutes les musiques.»