En ce matin d'entrevue, sur le parvis de l'église Saint-Nomde-Jésus, le temps est tout simplement divin. Et à l'intérieur de la magnifique église, où Marie Denise Pelletier chantera ce soir aussi bien des airs classiques que des classiques du pop, il règne une atmosphère céleste: l'orgue résonne pendant que Marie Denise chante quelques mesures d'Addio del passato, tiré de La traviata.

Marie Denise Pelletier est arrivée à l'entrevue dans sa pimpante petite Smart rouge vif et en descend avec ce qu'il faut bien appeler «des springs sous les pieds». C'est qu'elle a plusieurs fers sur le feu, notamment ce spectacle ce soir, dans le cadre du 10e festival d'automne Orgue et couleurs, alors qu'elle se produira aux côtés des sopranos Caroline Bleau et Marianne Lambert, du baryton-basse Stephen Hegedus et du chanteur Patrick Olafson, tous accompagnés par un orgue, un piano et un violon.

Au programme? Des arias tirés de Don Giovanni et de Lakmé, de La Flûte enchantée et des Noces de Figaro, mais aussi des grands airs de Phantom of The Opera, Starmania, West Side Story, The Sound of Music (en version française!)... Les chanteurs lyriques et populaires vont ainsi passer d'un style à l'autre avec plaisir, en espérant tous que la foule chantera également avec eux, dans cette exceptionnelle salle sacrée.

«L'an dernier, je jouais le rôle de la mère, de façon très classique, dans le spectacle musical Neuf au Rideau Vert, explique Marie Denise Pelletier. C'est là que Lorraine Beaudry, du festival, m'a vue et m'a proposé ce «joint-venture» pop et classique.»

Si on lui a alors suggéré certains airs, c'est elle qui a demandé à chanter le fameux duo de Lakmé (Viens Mallika, avec la soprano Marianne Lambert), puisqu'elle l'avait déjà fait, et avec succès, aux côtés de Natalie Choquette, il y a quelques années. Idem pour The Hills Are Alive (Collines que j'aime, de La mélodie du bonheur), qu'elle avait chanté en Suisse, en costume national, avec la famille Von Trapp, dans le temps de L'enfer, c'est nous autres, avec Julie Snyder!

«Je crois que c'est à partir du disque que j'ai enregistré avec André Gagnon (Plaisir d'amour, en 1998), que les gens ont entendu cette nouvelle voix, qui est la mienne, capable de faire aussi bien de la pop que du classique. Ma mère était une vraie colorature, et moi, une soprano. J'ai bien l'intention de reprendre (ce soir) Le monde est stone de Starmania dans la tonalité originale de Fabienne Thibeault: d'abord, parce que je l'ai déjà faite dans toutes les autres tonalités, pourquoi pas l'originale, et ensuite, pour faire un clin d'oeil à Fabienne, qui est ma petite cousine de la fesse gauche!»

Porte-parole

Ce n'est là qu'une seule des activités au programme de Marie Denise Pelletier. Le 16 octobre prochain, pour souligner les 60 ans des Oeuvres du cardinal Léger, elle lancera une très belle chanson inédite Pour que les hommes se souviennent, accompagnée par le pianiste Stephan Moccio.

Tous les profits et droits d'auteur seront versés aux Oeuvres, dont Marie Denise Pelletier est la porte-parole: «Quand j'étais petite, on n'était pas riche, mais Maman trouvait toujours le moyen de donner au cardinal Léger.» C'est à titre de porte-parole des oeuvres internationales du cardinal Léger qu'elle s'est rendue en mission au Burkina Faso en février dernier (elle y notamment tourné des images qui accompagneront la chanson Pour que les hommes se souviennent) et qu'elle ira en Bolivie en mars prochain.

Le 1er décembre, au Cabaret du Casino de Montréal, elle présentera le 13e spectacle au profit de L'Arrêt-Source, qui vient en aide aux jeunes femmes en difficulté, et a convaincu Florence K., Cindy Daniel et le ténor Marc Hervieux, entre autres, d'y participer.

Et elle poursuit, au sein de l'Union des artistes, son combat pour protéger le régime de la copie privée et des droits voisins. Sous cette appellation rébarbative, c'est toute la question des redevances versées aux artistes (auteurs, compositeurs, interprètes, musiciens, etc.) à partir des ventes de supports vierges qui est en cause, et Marie Denise Pelletier devient incroyablement convaincante - et en colère - quand elle en parle. «Apple a réussi à soutirer le format MP3 de cette entente. On est en train de nous dire que la petite machine (le iPod) est plus importante que ce qu'il y a dans la petite machine! C'est à la fois notre salaire et une reconnaissance de notre valeur, ces redevances-là. J'ai vu des artistes recevoir des chèques de redevances et me dire: «Je vais enfin pouvoir payer mes impôts en souffrance.» L'argent versé aux artistes revient toujours dans l'économie!»

Nul doute que Marie Denise Pelletier chantera Va pensiero de Nabucco avec la même fougue, ce soir, à l'église Saint-Nom-de-Jésus!

Opéra vs Broadway: une rencontre au sommet, ce soir, 20h, à l'église Saint-Nom-de-Jésus (4215, rue Adam).