Les fans des téléséries Entourage, Moonlight, bref d'un paquet d'émissions diffusées à CTV ont tous entendu – et souvent remarqué – la chanson Bounce With Me, qui tenait lieu d'indicatif musical pour la nouvelle saison de la chaîne. Les fans d'Ashton Kutcher aussi l'ont remarquée, puisqu'elle servait de trame sonore à une annonce d'appareil Nikon où figure le beau Ashton.

Bounce With Me, c'est Kreesha Turner qui la chante sur son premier album, Passion, lancé il y a quelques semaines (sur étiquette EMI) et qui grimpe constamment dans les palmarès. Chanson porte-bonheur que ce morceau rétro-swing contemporain fait pour sourire et marcher en dansant.

«En 2005, explique justement en riant Kreesha au bout du fil, j'ai participé à un concours de musique à Edmonton, organisé par la station locale (91,7 FM The Bounce), et j'ai gagné, et le prix, c'était d'aller enregistrer quatre chansons à Vancouver. J'en avais écrit quelques-unes – j'ai gagné en tant qu'auteure-compositrice-interprète –, mais Bounce With Me a été écrite par deux compositeurs spécialement pour faire un clin d'oeil au concours!»

C'est grâce à ce mini-album qu'elle a attiré l'attention de l'imprésario torontois Chris Smith (qui s'occupe de la carrière de Nelly Furtado). Et grâce à Smith qu'elle a enregistré Passion, album éclectique et néanmoins cohérent, parfois joyeux, parfois dance, jazzy ou plus triste, l'album d'une jeune chanteuse qui ne manque ni d'assurance ni de soul.

Du r'n'b à Edmonton

On ne se le cachera pas: qui d'entre nous associe le rhythm'n'blues et le soul à Edmonton? «C'est normal, personne ne croit qu'il y a une scène r'n'b ou soul à Edmonton, et d'ailleurs il n'y en a pas vraiment, répond Kreesha, toujours avec son joli rire dans la voix. Mais il y a une minuscule et solide scène hip-hop, parce qu'Edmonton est entouré de réserves amérindiennes et que les Amérindiens adorent le hip-hop. C'est là que j'allais chanter, et comme j'étais la seule fille et la seule en plus à faire du soul, du r'n'b, disons que j'attirais l'attention!»

C'est parce que sa maman tenait à ce que Kreesha découvre la Jamaïque que cette dernière s'est mise au chant : «Je faisais déjà partie de groupes de danse afro-caraïbe: à Edmonton, il y a une toute petite communauté de gens qui viennent des îles Turquoise et des Caraïbes. Mais c'est en Jamaïque, où j'ai vécu un an, que j'ai découvert le chant.» Elle a alors 15 ans, elle se joint à la chorale de l'église pentecôtiste, et elle découvre la joie de chanter avec ferveur. Quand elle revient de son périple, c'est décidé, elle sera chanteuse: «Et j'ai fait alors tous les petits spectacles, tous les concours, tout, tout, tout ce qui était possible pour attirer l'attention.»

Elle a notamment chanté l'hymne national canadien lors d'une compétition sportive à son école. Puis l'a chanté à tous les événements et rencontres organisés à Edmonton, au point de devenir «la fille qui chante le Ô Canada» de son coin. «Quand j'écoute mon album, que je fais des émissions, que j'entends des gens me comparer à Rihanna, bref, quand je réalise tout ce qui m'arrive, conclut la princesse travaillante, je trouve cela loin, l'hymne national. Mais j'espère qu'un jour, on m'invitera à le chanter avant une partie de hockey chez nous. Si je suis une fan de hockey? Ben, évidemment, je viens de la ville des Oilers!»