Le Festival de Lanaudière consacrait une journée complète de son calendrier 2008 à son «Ambassadeur artistique» Alain Lefèvre, ce même Alain Lefèvre que la direction, il n'y a pas si longtemps encore, ignorait cordialement année après année.

C'était samedi. Le programme comportait diverses activités dès le matin et culminait en une grande soirée réunissant à l'Amphithéâtre notre héros et huit autres pianistes en concertos pour deux, trois et quatre pianos.

Le nom d'Alain Lefèvre, peut-être encore plus que ceux de Bach et Mozart sur l'affiche, avait valu un autre gros succès de box-office: 4000 personnes. Cet auditoire aurait pu être déçu de ne retrouver son idole qu'à la toute fin de la soirée, et dans un seul des quatre concertos programmés. Il n'en fut rien. Ces 4000 auditeurs ont écouté le concert entier dans un silence synonyme de bonheur total, et sans jamais perturber l'audition par des applaudissements à tout moment, comme cela s'était produit au récital que le pianiste donnait il y a deux semaines avec son frère violoniste.

Les pianistes rassemblés samedi soir formaient un ensemble hétéroclite. Ainsi, on s'étonnait d'y trouver un professionnel tel que Richard Raymond au milieu de jeunes en début de carrière, comme Maneli Pirzadeh et Jimmy Brière, et de débutants à peu près inconnus. Mais tous furent à la hauteur, pianistiquement et musicalement, malgré quelques petites erreurs de parcours chez chacun, ou presque. Les quatre pianos étaient des Yamaha dont l'acoustique de l'Amphithéâtre soulignait la clarté.

Le plus beau moment de la soirée nous est venu de Maneli Pirzadeh: sa continuité de pensée dans le mouvement lent du Concerto BWV 1060 de Bach était digne d'une grande pianiste.

Quant à Alain Lefèvre, au premier des trois pianos du K. 242 de Mozart, il nous arrivait au bout d'une journée épuisante mais évita de le faire sentir, montrant au contraire une autorité, une plénitude de jeu, des nuances même, absentes chez ses partenaires.

À l'accompagnement: le pick-up appelé Orchestre du Festival, recruté un peu partout (notamment à l'OSM), et qui comptait samedi soir 30 musiciens dirigés avec beaucoup (et presque trop) d'animation par Daniel Myssyk.

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Programme :

Concerto pour quatre pianos, en la mineur, BWV 1065 (c. 1730) - J. S. Bach

Concerto pour deux pianos, en mi bémol majeur, K. 365 (1779) - Mozart

Concerto pour deux pianos, en do mineur, BWV 1060 (c. 1730) - J. S. Bach

Concerto pour trois pianos, en fa majeur, K. 242 (1776) - Mozart