Le chef de l'Orchestre mondial des jeunesses musicales, l'Espagnol Josep Vicent, qui dirigera sa formation composée de musiciens provenant de plus de 40 pays dans le cadre du Festival Orford, rêve qu'un jour tous saturent leur baladeur numérique de musique classique.

Le jeune chef d'orchestre de 39 ans est intarissable à propos de la démocratisation de la musique classique: «Ce n'est pas un travail facile de rejoindre de nouveaux auditoires. Je veux sortir les tenues de soirée des salles de concert. La musique classique est magnifique. Ma responsabilité est de la montrer à tout le monde.»

Le maestro dirige depuis 2005 l'Orchestre mondial des jeunesses musicales, fondé en 1970 par le Québécois Gilles Lefebvre. Au Festival Orford, M. Vicent rendra hommage à l'Espagne, sa terre natale, avec une soirée thématique de musique espagnole. Le lendemain, il dirigera le Concerto en sol de Ravel.

«C'est important de prendre le temps de renouveler le répertoire, dit-il. Les pièces que nous allons présenter en première mondiale sont fortes et énergiques. Elles sont très près de la réalité de notre société.»

Le chef d'orchestre a passé 18 ans de sa vie à Amsterdam, une ville très multiculturelle. Il s'émerveille devant la palette de couleurs de son orchestre, véritables nations unies de la musique classique. «On doit représenter cette réalité dans la musique. Ils ont des façons différentes de voir la vie, la musique et leur instrument. C'est une communauté très riche.»

Nouvelle génération

M. Vicent considère qu'il appartient à une nouvelle génération de chefs d'orchestre. Il croit que son travail est davantage d'inspirer les musiciens que de leur donner des ordres. «Nous ne sommes pas des demi-dieux. Je suis seulement un musicien. Je ne crois pas à l'autorité. L'époque de Toscanini, où tout se faisait en criant et en se lançant des choses, est révolue.»

Le chef d'orchestre est aussi percussionniste soliste dans l'Amsterdam Percussion Group. Il réussit à jumeler ses deux passions. Il croit même que de taper sur des peaux l'aide à tenir la baguette du maestro. «Le fait que je joue d'un instrument m'aide à guider les membres de mon orchestre. Je sais de quoi je parle.»

M. Vicent avance même que les percussionnistes sont prédisposés pour la direction d'orchestre. Selon lui, le rythme est la cellule de la musique sur laquelle tout le reste s'appuie. «Il y a eu une longue période dans l'histoire où les percussionnistes n'avaient pas de formation musicale, affirme-t-il. Ce n'est plus le cas. Comprendre le rythme aide à phraser une mélodie et à saisir la structure. De nos jours, plusieurs des plus grands chefs d'orchestres sont des percussionnistes.»

Même s'il consacre sa vie à la musique, Josep Vicent est aussi passionné par la mer. Il est un grand amateur de voile. Il a grandi dans un petit village espagnol au bord de la Méditerranée, en face d'Ibiza, une île reconnue pour ses fêtes interminables.

«Depuis deux ans, je n'ai plus la même énergie. Je ne suis plus une bête de fête comme avant. Mais on doit tout essayer un jour ou l'autre dans sa vie...»

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L'Orchestre mondial des jeunesses musicale sous la direction de Josep Vicent, les 15 et 16 août, 20h, au Festival Orford. Info: www.arts-orford.org.