Une réussite sur tous les plans, ce concert gratuit donné à Pollack mardi soir par l'Orchestre de la Francophonie canadienne et son jeune chef et fondateur Jean-Philippe Tremblay dans le cadre de leur tournée 2008 de neuf prestations. La salle de 600 places était presque comble et l'auditoire extrêmement attentif fit une ovation à tout rompre - et pleinement méritée - aux 70 garçons et filles qui, malgré la chaleur qu'il faisait sous les spots, s'étaient vraiment surpassés.

Une fois de plus, Tremblay avait imposé à son orchestre - renouvelé en majeure partie chaque été - un programme substantiel et très difficile que ces jeunes, comme animés d'un même esprit, traversèrent avec le soin et l'enthousiasme de vrais professionnels. À peine a-t-on noté quelques légers signes de fatigue en fin de soirée.

Deux nouveautés en début de concert. Tout d'abord, une création, Québec, de Julien Bilodeau, pour le 400e anniversaire de la Vieille Capitale - plus précisément, la partie «grand orchestre» d'une partition dont la partie «orchestre à cordes» avait déjà été jouée. Ici encore, le jeune compositeur montre un sens aigu de la structure et de la couleur orchestrale et s'amuse à multiplier les événements simultanés et les dissonances les plus crues. Un seul petit problème: sa partition kaléidoscopique n'a rien à voir avec Québec et pourrait accompagner n'importe quel sujet.

L'autre nouveauté était une découverte du chef Tremblay: un poème symphonique tripartite de Théodore Dubois, Adonis, dont on ne sait rien, même pas la date de composition, mais qui confirme le solide métier d'orchestrateur et les réels dons de créateur imaginatif - nonobstant une nette influence wagnérienne - du fameux auteur des Sept Paroles du Christ de nos chorales paroissiales.

Tremblay et son orchestre tirèrent le maximum des deux oeuvres nouvelles. Toutes les sections sonnaient bien, avec des cordes particulièrement souples dans le délicat volet central du Dubois.

Le Wagner, Prélude et Liebestod, avait été joué récemment à l'Amphithéâtre de Lanaudière. L'acoustique plus intime de Pollack le faisait vibrer d'une expression plus dense et la répartition des violons de part et d'autre du podium en soulignait le passionnant discours.

La deuxième Symphonie de Brahms occupait l'après-entracte. Ici encore, des cordes parfaitement unifiées et chaleureuses. Des bois particulièrement clairs et aériens conféraient une nouvelle fraîcheur à cette partition familière. À signaler: la solidité du cor dans la coda du premier mouvement et l'éloquence des violoncelles au début du mouvement suivant. Tremblay omit la longue reprise au premier mouvement, sans nuire au résultat final, qui fut pleinement convaincant.

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ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE. Chef d'orchestre : Jean-Philippe Tremblay. Mardi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.

Programme :

Québec, 2e partie : mouvement pour orchestre (2008) (création) – Bilodeau

Adonis, poème symphonique – Dubois

Prélude et Liebestod de Tristan und Isolde (1865) – Wagner

Symphonie no 2, en ré majeur, op. 73 (1877) – Brahms