L'Orchestre mondial des Jeunesses Musicales revient cet été au lieu même où il fut créé en 1970: le Centre d'Arts Orford, avec des effectifs entièrement nouveaux (faut-il le préciser!) et pour trois concerts. Le premier, samedi soir, était confié à Franz-Paul Decker, ancien chef de l'OSM bien connu pour son travail auprès des orchestres de jeunes.

Mon premier commentaire concernera l'incurie légendaire d'Orford au niveau des communications, et dont nous avons eu une nouvelle illustration samedi. C'est le jour même du concert qu'on en a appris le contenu complet. Aux trois petites pièces d'Elgar et au Double Concerto de Brahms s'ajoutaient en effet, comme tombées du ciel, les Métamorphoses symphoniques de Hindemith et quatre Danses hongroises de Brahms.

Sur la qualité de l'orchestre - 67 musiciens de 29 pays -, il y a peu à dire. Les cordes - 40 au total - sont sans distinction particulière: il faut attendre le groupe final de Danses hongroises pour que se manifeste une vraie sonorité collective. La même absence d'homogénéité affecte bois, cuivres et percussions, produits d'écoles trop diverses. Il est vrai que la surcharge acoustique n'aide pas: la salle de 500 places est comble mais la petite scène a peine à contenir les 67 musiciens. En résumé: un orchestre qui vient nettement en troisième place, après le National Youth entendu lundi dernier et la Francophonie qui nous revient demain soir.

Maestro Decker n'a d'ailleurs pas paru très inspiré par les sujets qu'il avait entre les mains. Curieusement, c'est aux groupes Elgar et Brahms qu'il apporta le plus grand soin, comme s'il s'était agi des plus grands chefs-d'oeuvre du répertoire. Le Hindemith se ramena à un bon exercice de rythme. Mais Decker passa carrément à côté du tendre lyrisme de la troisième pièce, qu'il souligne pourtant si bien dans son enregistrement de 1994.

Le Double de Brahms avait pour solistes deux professeurs d'Orford: le violoncelliste Laurence Lesser et sa femme, la violoniste Masuko Ushioda. Grosse sonorité et beaucoup d'«ad lib» chez lui, son assez faible et aucune présence chez elle. Le chef de 85 ans à la solide expérience parvint à maintenir une certaine cohésion entre ces solistes inégaux et le jeune orchestre inexpérimenté. À 22 h, il trouva même l'énergie pour s'adresser au public et bisser l'une des Danses hongroises.

_______________________________________________________

ORCHESTRE MONDIAL DES JEUNESSES MUSICALES. Chef invité: Franz-Paul Decker. Solistes: Masuko Ushioda, violoniste, et Laurence Lesser, violoncelliste. Samedi soir, salle Gilles-Lefebvre du Centre d'Arts Orford.

Programme :

Chanson de matin et Chanson de nuit, op. 15 (1897); Salut d'amour, op. 12 (1888) – Elgar

Concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur, op. 102 (1887) – Brahms

Sinfonische Metamorphosen (1943) – Hindemith

Quatre Danses hongroises – Brahms