Messiaen et sa fascination du monde des oiseaux ont inspiré au Festival de Lanaudière samedi soir un programme entièrement conçu autour de la gent ailée et confié au chef Jean-Marie Zeitouni et à l'Orchestre du Festival, recruté parmi nos différentes formations locales. Mais ce Grand bal des oiseaux n'a attiré que 2000 personnes à l'Amphithéâtre.

Oiseaux exotiques, l'une des principales oeuvres «ornithologiques» de Messiaen, soulignait son centenaire célébré partout cette année. Pendant une quinzaine de minutes, 47 oiseaux, dont 38 d'Amérique du Nord, y bavardent sans répit, «incarnés» par un orchestre extrêmement bruyant de vents et de percussions que domine un piano.

La disposition des instruments, indiquée en tête de la partition, fut suivie d'assez près. De mémoire, et comme se jouant de la monstrueuse difficulté de la partie de piano, le jeune Stewart Goodyear traversa ces 86 pages de musique touffue avec une technique prodigieuse et une sonorité étincelante. Zeitouni lui fournit à chaque instant l'appui rythmique souhaité et obtint de cet «orchestre d'un soir» la cohésion d'une formation permanente. L'oeuvre reste bien répétitive cependant.

En début de concert, Zeitouni avait obtenu de l'orchestre complet (cordes comprises) une unité de jeu et un raffinement absolument étonnants dans la transcription, de Felix Mottl, du pianistique Saint François d'Assise: la Prédication aux oiseaux, de Liszt, et dans la suite de 1919 de L'Oiseau de feu, de Stravinsky. Jusqu'au basson qui y trouvait la couleur idéale pour le titre Berceuse...

Deuxième soliste de la soirée: Aline Kutan. Robe rouge vif et tout sourire, la jeune soprano coloratura déploya la plus haute virtuosité - notes piquées, envolées au suraigu, trilles, etc. - dans trois airs de Handel, Gounod et Saint-Saëns, juchée, pour ce dernier, sur un petit balcon dans le prolongement gauche de la scène.

La très longue soirée (deux heures et demie) se terminait par une «création», Joie des Grives, d'Antoine Ouellette. Des strates qui bougent et s'entremêlent, des départs qui n'aboutissent jamais, des musiciens qui sortent de l'orchestre à tout bout de champ pour venir jouer quelques notes et qui y retournent. Trente-deux minutes d'un ennui incommensurable qu'allègent à peine les photos d'oiseaux projetées sur grand écran.

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ORCHESTRE DU FESTIVAL. Chef d'orchestre: Jean-Marie Zeitouni. Solistes: Aline Kutan, soprano, et Stewart Goodyear, pianiste. Samedi soir, Amphithéâtre de Lanaudière. Dans le cadre du 31e Festival de Lanaudière.