Netflix a présenté ses excuses pour avoir utilisé des images de la tragédie de Lac-Mégantic dans son film à succès Bird Box. Mais ces séquences ne seront pas retirées, insiste l'entreprise américaine.

Affirmant que Netflix «ne connaissait pas la source de ces images», sa directrice de la politique publique mondiale, Corie Wright, écrit, dans une lettre adressée à la ministre de la Culture et des Communications du Québec Nathalie Roy, que la société s'excuse «à la population de Lac-Mégantic et aux membres de Netflix qui ont été attristés en visionnant ces images».

Dans sa missive, que La Presse a obtenue, Mme Wright ajoute que «l'utilisation d'images d'archives constitue une pratique courante et répandue du cinéma et de la télévision». Conséquemment, conclut-elle, «l'étendue de cette utilisation ne nous permet pas d'apporter les changements» que Québec a réclamés.

Dans une lettre envoyée vendredi dernier à la haute direction de Netflix, Nathalie Roy a fait appel au «discernement et [au] sens des responsabilités» de la société pour retirer les images de la tragédie apparaissant dans le film Bird Box et dans une autre production, la série Les voyageurs du temps.

Netflix, écrivait-elle, a franchi «une dangereuse limite» en utilisant les images d'une tragédie réelle et dont les impacts sont toujours bien tangibles dans un contexte de fiction.

Ce mardi matin, par l'entremise de son attachée de presse, Nathalie Roy a salué le fait que Netflix «reconnaisse ses erreurs», mais a déploré «que l'entreprise maintienne sa décision de ne pas retirer les images de cette tragédie [...], alors qu'elle a déjà accepté de le faire pour l'une de ses séries». À ses yeux, cette position est «incohérente».

La Presse a tenté de savoir si Québec comptait relancer Netflix directement pour obtenir le retrait des séquences d'archives tournées à Lac-Mégantic, mais le Ministère a fait savoir qu'il ne formulerait pas d'autres commentaires à ce sujet, «par respect pour les victimes et leurs proches, qui souhaitent pouvoir continuer de vivre leur deuil en paix».

Dans sa lettre, Netflix assure avoir en outre présenté ses excuses directement à la mairesse de Lac-Mégantic Julie Morin.

L'entreprise, dont le siège social est établi à Los Gatos, en banlieue de San Francisco, a par ailleurs convenu que l'industrie audiovisuelle pouvait «faire mieux» à l'égard de l'utilisation d'images d'archives réelles. Netflix précise avoir «entamé des discussions au sein de l'entreprise portant sur les meilleurs pratiques à mettre en oeuvre» et assure qu'elle prendra «des mesures pour éviter leur utilisation dans l'avenir».

- Avec La Presse Canadienne