La prétention ne semble pas être un trait de caractère d'Esther Bégin. La journaliste choisit ses projets selon ses intérêts, sans se soucier de la visibilité qu'ils lui apporteront. Elle le prouve de nouveau en devenant chef d'antenne de la chaîne d'affaires publiques par câble, peu connue du grand public.

C'est fréquent de voir de jeunes journalistes faire leurs premières armes à Radio-Canada dans les provinces de l'Ouest. C'est moins habituel d'y voir une vétérane comme Esther Bégin. Pourtant, en 2016, elle avait profité de son passage estival à Vancouver pour être «comme une bonne à tout faire», en remplaçant plusieurs personnes pendant leurs vacances, que ce soit à la télévision, à la radio, au reportage ou à la rédaction.

Elle a tellement aimé l'expérience qu'elle a remis ça l'été suivant. «J'étais correspondante pour RDI. J'ai couvert la chute du gouvernement de Christy Clark et ce fut l'été des incendies historiques. Alors je me suis promenée partout dans la Colombie-Britannique. Je n'arrêtais pas! Honnêtement, j'ai adoré ça. J'avais l'impression de retourner à mes débuts en journalisme», explique l'avocate de formation.

Celle qui a été chef d'antenne à LCN et à TQS pendant plusieurs années a bien vu que ses nouvelles fonctions à Radio-Canada surprenaient beaucoup de personnes: «Sincèrement, je ne comprends pas trop pourquoi. J'ai senti qu'il y avait une part d'admiration dans les commentaires, mais, pour moi, c'était seulement de retourner à la base de mon métier. Ça faisait longtemps que je n'étais pas allée sur le terrain et j'ai beaucoup aimé ça.»

«Je n'ai jamais vraiment arrêté de travailler, mais j'ai dû me réinventer énormément dans mon métier. Parce qu'à partir du moment où TQS a fermé, j'étais sans filet, laissée à moi-même.»

Après avoir présenté un des derniers bulletins d'information à TQS en mai 2008, Esther Bégin a entre autres animé une émission au 98,5 FM. Un bref passage, puisqu'elle a démissionné lorsque ses patrons lui ont dit qu'elle ne pouvait pas traiter de sujets d'actualité liés à la politique. Ce qu'elle n'a pas apprécié, car la politique est au coeur de sa vie.

En plus d'un baccalauréat en droit, Esther Bégin en a obtenu un autre en science politique. Elle vient également d'une famille politisée. Encore aujourd'hui, elle parle une ou deux fois par jour avec son père de 86 ans et «il y a toujours une conversation sur la politique». 

Et dernièrement, elle a animé la série documentaire Fièvre politique à Télé-Québec, qui lui a valu un prix Gémeaux en 2017. Sans parler de son conjoint des 14 dernières années, John Parisella, qui aime un peu, beaucoup le sujet.

Lorsque la chaîne d'affaires publiques par câble (CPAC) l'a contactée pour lui offrir d'être la chef d'antenne francophone, elle a accepté sur-le-champ.

«Ça me permettra d'assouvir deux passions professionnelles. Premièrement, l'occasion d'animer une émission d'actualité politique quotidienne. Et deuxièmement, d'animer une série d'entrevues avec des politiciens.»

Elle travaillera à partir d'Ottawa, pendant les travaux de la Chambre des communes, avec de nouveaux collègues, dont le chef d'antenne du volet anglophone, Peter Van Dusen.

«J'avais déjà le désir de travailler dans un environnement plus anglophone. Le marché francophone est assez limité, le fait d'évoluer davantage dans un milieu anglophone et de me familiariser à ce milieu peut m'ouvrir des portes. Ça peut me mener ailleurs», souligne Esther Bégin.