On pourra entendre l'animateur à deux micros de Radio-Canada l'été prochain. Un premier pas vers un retour plus officiel dans la grande tour?

À défaut de revenir par la grande porte, on peut dire que Stéphan Bureau revient à Radio-Canada par la porte-fenêtre. L'ancien animateur du Téléjournal passera l'été dans la grande tour, à deux micros différents: la semaine chez Catherine Perrin, qu'il remplace durant la saison estivale, et à ICI Musique pour animer Notes de voyage, tous les dimanches à l'heure du brunch.

Celui qui pendant 10 ans a mené les grandes entrevues du Festival Juste pour rire, en plus d'animer plusieurs galas hommage, compte bien donner sa couleur à l'émission Médium large, mais il n'a pas l'intention de bouleverser une formule qui fonctionne très bien. «Je suis en Airbnb, Catherine m'a loué son appartement pour l'été, lance Stéphan Bureau, rencontré cette semaine dans un café du Mile End. Cela dit, un animateur fait une différence par son ton et la manière dont il aborde les choses. Personnellement, je m'intéresse beaucoup à l'alimentation comme geste politique, alors j'aimerais en parler. Et comme Marie-Louise [Arsenault] n'est pas là durant l'été, j'ai bien l'intention de parler de littérature.»

Quant à son émission dominicale, l'animateur insiste pour dire que la vedette sera surtout la musique. Entre les musiques de films qu'il apprécie et les morceaux classiques, ce grand voyageur qui a parcouru le monde et qui a un pied-à-terre à Tucson, en Arizona, partagera avec les auditeurs ses coups de coeur, ses impressions et ses bonnes adresses.

Retour progressif

Il ne s'agit donc pas d'un retour «officiel» pour Stéphan Bureau - de toute façon, il était déjà en ondes avec ses chroniques sur la vie américaine chez Alain Gravel et Annie Desrochers, en plus de ses grands entretiens. Son automne est déjà planifié, il ne faut donc pas s'attendre à le retrouver dans la grille-horaire de l'automne. Mais il semble clair que les patrons de la radio ont des plans pour lui à moyen terme.

«On m'a fait plusieurs offres au fil des ans», admet-il. Parmi les propositions, la prestigieuse case horaire du matin. «Je n'étais pas le bon candidat, avoue-t-il, et dans le doute, tu ne mets même pas le pied, c'est un tel sacerdoce... Je regarde la vie d'Alain, de René Homier-Roy avant, de Marie-France... C'est beaucoup de boulot.»

«Cela dit, je n'exclus rien pour l'avenir parce que maintenant, j'ai fait des choses importantes sur ma to-do list

L'ancien animateur du Téléjournal reconnaît que jusqu'ici, son orgueil l'avait empêché d'accepter un remplacement. «Il n'y a rien de honteux, au contraire, mais je me demandais: "Est-ce que je fais ça, moi?" C'est moi qui étais juste épais... Ce remplacement correspond parfaitement à mon horaire, à ma vitesse moins intense. Et c'est une manière de retourner dans la piscine, de revenir de façon plus présente.»

Stéphan Bureau ne donne pas l'impression d'être le genre de personne qui doute d'elle, mais il reconnaît qu'il s'est tout de même posé des questions sur l'accueil qu'on lui réservera. «T'as toujours un peu peur de déranger, dit-il. Tu te demandes: "Y a-t-il vraiment une place à la table pour moi?" Ce n'est pas de la paranoïa, mais les choses évoluent, le son évolue, il y a des talents nouveaux. Ce n'est pas souffrant de le dire, c'est un constat. Je ne suis pas dupe, il faut se réapproprier le territoire tranquillement. Même si j'ai eu une présence à la télévision durant toutes ces années, à la radio, c'est autre chose. Tu es très présent dans l'intimité des gens, alors je voulais y aller mollo.»

Le nouveau Stéphan Bureau

Le Stéphan Bureau de 2017 n'est plus exactement le même que celui qui a quitté les commandes du Téléjournal en 2003, un départ qui, rappelons-le, avait pris tout le monde de court. Plus mince, bronzé, l'animateur de 52 ans a surtout l'air mieux dans sa peau, plus détendu.

«Je suis plus apaisé à bien des égards, confie-t-il, et plus sûr de ce que je veux faire ou ne pas faire. Et puis, j'ose penser que je suis plus habile à la vie que je l'étais. Ma palette d'expériences et de sensibilité est beaucoup plus grande. D'un point de vue professionnel, je suis moins usé, j'ai moins pressé le citron que je ne l'ai fait durant de très nombreuses années. Quand je suis parti, je disais que je voulais me mettre en jachère. C'est exactement ce que j'ai fait.»

L'animateur est donc en pleine forme, prêt à prendre le micro au quotidien, mais ne comptez pas sur lui pour tweeter durant la saison estivale de Médium large. Stéphan Bureau se tient loin de la fureur des réseaux sociaux. «C'est un choix politique, lance-t-il, un sourire en coin. Essentiellement, je ne veux pas m'exposer à ce que les réseaux sociaux ont à me dire, je pense qu'on dort mieux comme ça. Je ne suis pas cave, je comprends l'extraordinaire utilité et intelligence de la machine, mais je pense aussi que ça peut être extraordinairement toxique. Étant compulsif et compétitif, je me battrais sûrement pour des likes... Je n'ai pas envie de rentrer là-dedans. À ce jour, je fais le pari que je suis bien informé malgré cela.»